Le 9 mai 2018
- Festival : Festival de Cannes 2018
Dieu Weinstein n’est plus, mais la déesse Cate Blanchett vient faire régner l’ordre sur la Croisette lors de cette première journée de festival où la crainte d’une sélection consensuelle se fait ressentir chez les journalistes.
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Cannes, jour 1 :
Des attentes, des découvertes mais aussi un peu de frustration... C’est tout cela qui fait le sel de Cannes, et c’est exactement tout ce qu’on a vécu dans les heures qui ont précédé l’Ouverture de la 71ème édition de son sacro-saint festival.
Alors que le service des Accréditations ouvrait à 8h du matin, ce dernier était pris d’assaut dès l’aube. Devoir faire la queue pour y accéder, c’est d’ores et déjà une invitation à se remémorer le pire des souvenirs passés, c’est ainsi se replonger dans les coulisses moins glamour du Festival, où il faut endurer de longues files d’attente dans l’espoir de trouver au bout du compte le plaisir de la bonne surprise qui légitime souffrances physiques et patience morale.
Mais ce premier rassemblement de professionnels, ainsi que tous ceux qui vont suivre, permet de vite relever un élément nouveau cette année : le changement d’organisation des séances qui ne cesse de faire polémique au point de perturber de nombreux festivaliers. Davantage que les années précédentes, chacun a le nez dans son petit planning, faisant cette fois ses pronostics non pas sur la qualité de tel ou tel film, mais bien sur la facilité d’y accéder en fonction de l’horaire et de la salle de diffusion. Désormais les projections pour la presse se tiennent en même temps que celles pour la projection officielle, ce qui laisse peu de temps pour travailler sur le film, alors que l’attente des rédactions est forte sur les papiers publiés. Ailleurs, les autres grands festivals du globe cinéma imposent des embargos aux critiques afin de garder le suspense et permettre aux œuvres de faire leur première en toute sérénité. Cannes en a décidé autrement.
A part ce chamboulement, le protocole a peu changé. Comme tous les ans, les festivaliers doivent réapprendre les différents niveaux d’accréditation, et les injustices dont beaucoup d’entre eux se sentent régulièrement victimes. Presque une routine. Cependant, en cherchant bien, un petit détail fait rupture avec les années précédentes : Au fin fond du sac de documents que l’on nous remet avec le badge, on peut trouver un petit papier informant d’un numéro de secours en cas de harcèlement sexuel. Un symbole qui en dit en fait long sur l’image que le Festival de Cannes veut se donner après l’affaire Weinstein, car –rappelons-le– c’est lui qui, via la Palme d’Or donné à Pulp Fiction, il y a tout juste 25 ans, a permis de mettre le producteur débonnaire sur un piédestal. Et des Palmes, Weinstein en gagnera d’autres, comme Fahrenheit 9/11 de Michael Moore, des œuvres d’importance qui rappellent le rôle majeur du nabab sur la planète du 8ème art, celui du business. En attendant, certaines polémiques sur le peu de femmes en compétition enflent de façon inutile dans certains médias… Dans une production essentiellement masculine, il aurait été étonnant soudainement de trouver la parité au sein de la sélection, puisque d’égalité de genre chez les réalisateurs, il n’en existe pas (encore). Cannes ne se doit-il pas de célébrer avant tout le meilleur du cinéma, au-delà des quotas ? Les choses changeront vite, on l’espère.
En attendant la Cérémonie d’Ouverture, il est bon de retrouver ses marques dans ce Palais des Festivals labyrinthique et sur cette Croisette pleine de bonnes adresses. C’est notamment l’occasion–le programme chargé des 10 jours à venir ne redonnera pas forcément– de visiter le Marché du Film. Un endroit unique où se côtoient les stands de producteurs venus des quatre coins du monde pour y présenter des films pas forcément faciles à vendre. Entre projets nanardesques qui se prennent au sérieux, animations dont la seule affiche pique les yeux, mais aussi vidéos tutoriels qui n’ont pas leur place sur grand écran, il y en a vraiment pour tous les goûts. Mais on y peut en tirer quelques bonnes nouvelles, en l’occurrence celle d’y découvrir que Jackie Chan et Chow Yun-fat continuent à tourner, même si ils le font dans des films qui n’arriveront probablement jamais jusqu’à nous. Une petite anecdote amusante : l’an dernier, ici même, nous avions tous bien rigolé en découvrant l’affiche de Saving my Pig une improbable comédie russe avec Gérard Depardieu et un cochon. Et bien, cette année, ses producteurs tentent toujours de le vendre, et ont depuis tourné d’autres films avec notre cher Gégé. Ce Marché de Films est décidément une inépuisable source de surprises !
Mais cette journée à se promener aux abords du Palais est surtout l’occasion de discuter entre festivaliers et de capter les souhaits de chacun. Quand on leur parle Compétition Officielle, certains titres de films reviennent inévitablement plus régulièrement que d’autres (Under The Silver Lake et Three Faces notamment), mais, encore une fois, la tendance cette année n’est étonnamment pas à faire des pronostics sur le Palmarès final. La Sélection Officielle intéresse-t-elle moins ? Difficile à dire à dire, toutefois l’on sent vibrer en chacun l’espoir de voir Lars von Trier créer le buzz au sein d’une production annuelle consensuelle. Chacun redoute l’annulation du Terry Gilliam, dont L’homme qui tua Don Quichotte pourrait subir une interdiction de diffusion, à la suite de la décision judiciaire qui devrait tomber ce mercredi 9 mai.
Mais s’il y a un nom qui est sur toutes les bouches ce jour, c’est celui de la Présidente du Jury. Aucun doute, la star de ce début de Festival c’est Cate Blanchett. Et l’effervescence née à l’approche du Photocall n’a fait que le confirmer. Preuve que ce choix dépasse le seul symbole paritaire et a permis au Cannes post-Weinstein de se trouver un visage.
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