Le 19 mai 2018
- Festival : Festival de Cannes 2018
A quelques heures de la remise des prix par le jury, et alors que nous avons vu tous les films de la Compétition, voici notre bilan récapitulatif et notre palmarès. Cate Blanchett osera-t-elle trouver influence dans nos choix ? Sait-on jamais...
Notre palmarès :
– Prix d’interprétation masculine : Vincent Lacoste dans Plaire , Aimer et Courir Vite
– Prix d’interprétation féminine : Joanna Kulig dans Cold War ou Zhao Tao dans Les éternels
– Prix de la mise en scène : Leto de Kirill Serebrennikov
– Prix du scénario : Burning de Lee Chang-dong
– Prix du jury : Le livre d’image de Jean-Luc Godard, ou Lazzaro Felice d’Alice Rohrwacher
– Grand Prix : Le Poirier sauvage de Nuri Bilge Ceylan
– Palme d’Or : Une Affaire de Famille de Hirokazu Kore-eda
Bilan, toute la compétition officielle :
Todos los Saben (Asghar Farhadi, Iran) – Film d’Ouverture :
On aime : La présence des stars Penélope Cruz et Javier Bardem.
On regrette : Un scénario qui ressemble à une caricature des meilleurs films de Farhadi.
Yomedinne (A.B. Shawky, Egypte)
On aime : Un feel-good movie égayant grâce à ses deux acteurs (un gamin de 10 ans et un lépreux) attachants.
On regrette : Un schéma scénaristique convenu, académique et explicatif et une morale qui cautionne la ghettoïsation.
Leto (Kirill Serebrennikov, Russie)
On aime : Une mise en scène innovante qui illustre parfaitement la créativité et la fougue de ses personnages, qui trouve son apothéose dans des scènes musicales oniriques.
On regrette : Des personnages mal introduits et une seconde moitié qui perd du souffle de la première.
Plaire, Aimer et Courir Vite (Christophe Honoré, France)
On aime : La sincérité dans la reconstitution des années 90, et ses souvenirs dramatiques comme romantiques qu’en garde le réalisateur et portée par d’excellents acteurs.
On regrette : Quelques dialogues sur-écrits chargés en citations littéraires, mais c’est du Christophe Honoré donc c’est normal.
Cold War (Pawel Pawlikowski, Pologne)
On aime : De belles images en noir et blanc, le traitement de la musique via des scènes de chorégraphie virtuoses et une actrice talentueuse.
On regrette : Un scénario qui ne se donne pas le temps de rendre émouvante la relation entre ses deux personnages.
Le Livre d’image (Jean-Luc Godard, France)
On aime : Une expérimentation formelle unique grâce à un travail de montage hypnotisant et un regard sur le monde sidérant de nihilisme.
On regrette : Une construction au sein de laquelle certains passages n’apportent rien au discours global, la prétention et le caractère abscons du discours.
Les Eternels (Jia Zhang-Ke, Chine)
On aime : La réutilisation par Jia Zhang-ke d’éléments issus de ses précédents films pour nous surprendre en les mêlant dans la construction audacieuse, le beau portrait de la Chine, Zhao Tao.
On regrette : Quelques longueurs dans son développement.
Les Filles du Soleil (Eva Husson, France)
On aime : Ça partait d’une bonne intention...
On regrette : Des effets tire-larmes qui s’enchaînent aux dépens d’une reconstitution de la situation géopolitique, des dialogues pompeux.
3 Visages (Jafar Panahi, Iran)
On aime : L’ingéniosité de Panahi de tourner malgré l’interdiction, sa réflexion sur la condition d’artiste en Iran, l’autorité et les faux-semblants.
On regrette : Un long ventre mou fait de longs dialogues plombants dont la finalité semble abstraite.
Heureux comme Lazzaro (Alice Rohrwacher, Italie)
On aime : Le dosage subtil de réalisme et de fantastique, la parabole sur les inégalités et le jeune acteur.
On regrette : Un discours politique naïf, preuve d’un manque d’ambition de sa réalisatrice.
Une Affaire de Famille (Hirokazu Kore-eda, Japon)
On aime : La délicatesse avec laquelle Kore-eda croque une famille pour rendre poignante leur séparation.
On regrette : Une conclusion qui perd en poésie pour poser de façon didactique les secrets des personnages.
Asako 1&2 (Ryusuke Hamaguchi, Japon)
On aime : Le portrait d’une femme tiraillée par ses fantasmes.
On regrette : Un scénario qui s’éternise dans des scènes dérisoires et survole son intrigue principale.
BlacKkKlansman (Spike Lee, Etats-Unis)
On aime : Un polar enlevé à l’humour rappelant celui des frères Coen et un excellent duo d’acteurs mis au profit d’une indispensable dénonciation du racisme.
On regrette : Un discours politique anti-Trump au forceps.
En Guerre (Stéphane Brizé, France)
On aime : Le travail opposant les images des médias et la réalité, et montrant le contraste entre le franc-parler des uns et la langue de bois des autres, soit une excellente idée de cinéma social porté par un Vincent Lindon habité.
On regrette : Les dernières minutes d’une nécessité et d’un goût plus que douteux.
Under The Silver Lake (David Robert Mitchell, Etats-Unis)
On aime : Une mise en scène qui nous plonge dans un cauchemar éveillé et la dénonciation d’une pop-culture alternative.
On regrette : Un scénario qui s’étire un peu dans un développement qui en devient mécanique.
Burning (Lee Chang-dong, Corée-du-Sud)
On aime : L’émouvante représentation d’une frustration amoureuse et d’une névrose paranoïaque en guise de seul sens que le personnage principal donne à sa vie.
On regrette : Des intrigues secondaires pas forcément utiles qui pèsent sur la durée globale du film.
Dogman (Matteo Garonne, Italie)
On aime : Le choix d’un acteur aux antipodes des carcans du charme à l’italienne et la représentation d’une criminalité au quotidien, le passage de la chronique sociale au film gore.
On regrette : Une relation trop peu approfondie entre les deux protagonistes principaux.
Capharnaüm (Nadine Labaki, Liban)
On aime : Des enfants attachants et une mise en scène, caméra au poing, qui capte l’euphorie urbaine.
On regrette : Une surdose de pathos au profit d’une morale ambiguë et un mauvais goût visuel.
Un couteau dans le cœur (Yann Gonzalez, France)
On aime : Un réalisateur qui assume les outrances de son hommage au giallo.
On regrette : Une métaphore du sida ridicule et un manque de suspense
Ayka (Sergey Dvortsevoy, Russie)
On aime : Une mise en scène caméra au poing dans la lignée des Dardenne, un traitement abrupt sans pathos.
On regrette : Une mise en scène étouffante qui n’évite pas le dolorisme.
Le Poirier sauvage (Nuri Bilge Ceylan, Turquie)
On aime : La maîtrise de la photographie et en particulier le jeu des couleurs, la finesse des dialogues sur l’art le poids de l’héritage intergénérationnel.
On regrette : Certains dialogues qui s’éternisent un peu et aboutissent à un film de plus de trois heures.
Galerie Photos
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