Buenos Aires 100 km

De l’insouciance à l’adolescence, Pablo José Meza filme quelques rêves envolés et la maladresse des sentiments.

L’argument : Dans une petite ville au temps suspendu, cinq jeunes garçons brûlent leur dernier été d’insouciance.

Notre avis : Des rêves d’ailleurs, lorsque la ville fantasmée et haïe est si proche et si inaccessible. Des rêves de richesse, d’amour et de gloire que le quotidien contrarie sans cesse. Cinq garçons à la lisière de l’adolescence, tiraillés entre le foot et les filles, entre le paraître et la réalité intime. Petits drames et traumatismes d’enfance se jouent avec la même inquiétude fataliste, nivelés par les jours qui se ressemblent tous. Des morceaux d’intimité affleurent pourtant au cœur du groupe, dans une empathie maladroite qui ne sait pas dire les sentiments.
Le cinéma argentin nous a habitués, ces dernières années, à cette observation ordinaire de l’humanité. Un lieu plus ou moins clos qui tantôt étouffe, tantôt exacerbe les sentiments. Pablo José Meza, qui réalise ici son premier long métrage, excelle à rendre cette immobilité de la chaleur et de l’ennui, ces moments au bord de la rupture, où l’on sait confusément que rien ce sera plus jamais pareil. "Tu m’écriras ?", demande Esteban à sa fiancée d’un été qui le renvoie doucement à la réalité, tu sais bien que quand on part on part. La vie est faite de ces fuites, de ces pertes, de ces petits deuils quotidiens qui finissent par nous sortir de l’enfance en éteignant une à une les petites étoiles qui illuminaient nos rêves.