Confessions new-yorkaises
Le 24 octobre 2005
Auster s’englue dans les bons sentiments et rate sa cible. Quelle déception !
- Auteur : Paul Auster
- Editeur : Actes Sud
- Date de sortie : 24 janvier 2007
Résumé : Nathan Glass a soixante ans. Un divorce, un cancer en rémission, trente ans de carrière dans une compagnie d’assurances à Manhattan et une certaine solitude qui ne l’empêche pas d’aborder le der-nier versant de son existence avec sérénité. Chaque jour, Brooklyn et ses habitants le séduisent davantage, il prend ses habitudes, tombe sous le charme d’une serveuse et décide de faire un livre dans lequel seraient consignés ses souvenirs, ses lapsus, ses faiblesses de langage, ses grandes et petites histoires mais aussi celles des gens qu’il a croisés, rencontrés ou aimés. Un matin de printemps, le 23 mai de l’an 2000, ce livre intitulé Le Livre de la folie humaine prend une autre dimension. Ce jour-là, dans une librairie, Nathan Glass retrouve son neveu Tom Wood. Perdu de vue depuis longtemps, ce garçon de trente ans reprend très vite la place qui fut la sienne dans le coeur de son oncle. Et c’est ensemble qu’ils vont poursuivre leur histoire, partager leurs émotions, leurs faiblesses, leurs utopies mais aussi et surtout, le rêve d’une vie meilleure à l’hôtel Existence... Un livre sur le désir d’aimer. Un roman chaleureux, à travers lequel tous les grands thèmes austériens se répondent, où les personnages reprennent leur vie en main, choisissent leur destin, vivent le meilleur des choses — mais pour combien de temps encore, en Amérique ?...
La quête d’un paradis intérieur où chacun se met à l’abri du tumulte ambiant, telle est la vocation des livres chez Paul Auster. La déception en est d’autant plus grande lorsque son nouveau roman rate sa mission.
"Le futur était déjà en moi et je me préparais aux désastres à venir"... cette réflexion de Sydney Orr dans La nuit de l’oracle aurait pu être émise par Nathan Glass. Mais Paul Auster a choisi pour le narrateur de son nouvel ouvrage une destinée plus heureuse. Et ce ne sont pas ses derniers pas dans Brooklyn, un matin bleu de septembre 2001, ’exactement 46 minutes avant que le premier avion ne s’écrase contre la tour Nord du World Trade Center", qui changera la tonalité générale de l’ouvrage, à savoir une atmosphère un peu trop fleur bleue dans l’œuvre austérienne.
La mort est pourtant au rendez-vous dès les premières pages de Brooklyn follies puisque Nathan Glass revient à Brooklyn pour se préparer tranquillement à l’issue définitive d’un cancer du poumon. En attendant la mort, cet ancien courtier d’assurances se cherche quelque occupation et finit par se plonger dans la consignation de petites et grandes bêtises humaines dont il a pu faire preuve ou du moins été témoin tout au long de sa vie. Les retrouvailles fortuites avec son neveu Tom Wood interrompent ce tranquille labeur. Les deux hommes renouent avec l’envie de vivre et embarquent quelques autres déjantés dans cette folle échappée vers le bonheur.
Le monde et a fortiori l’Amérique conservatrice n’offrent que tourments et inégalités aux âmes en peine qui errent, ballottées, dans le tumulte du hasard et de la pauvreté. Seul le refuge dans l’imaginaire des livres et dans un monde intérieur que Tom appelle l’hôtel Existence "où on se retire lorsque le monde réel est devenu impossible", permet l’accès au bonheur.
Une joie que nous a bien souvent offerte Paul Auster, nous prouvant ainsi combien les mots peuvent nous envoûter et d’autant mieux nous extraire des pénibles hasards du quotidien. Mais paradoxalement ce Brooklyn follies, qui aurait pu s’élever telle une belle incantation mélancolique vers un paradis de fiction, s’englue dans les bons sentiments et les assertions pas très finaudes. La déception en est d’autant plus immense que l’attente était grande.
Paul Auster, Brooklyn follies (traduit de l’anglais (américain) par Christine Le Bœuf), Actes Sud, 2005, 364 pages, 23 €
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attica 26 octobre 2005
Brooklyn follies de Paul Auster
Brooklyn Follies...
Nathan est une homme d’une soixantaine d’année, plutôt désabusé et cynique.
Il vient de divorcer, récemment retraité, en rémission d’un cancer... Et surtout persuadé qu’il va mourir dans les mois qui viennent. Pour ça, il choisi de s’installer à Brooklyn... Parce que c’est là qu’il est né, et quoi de plus beau que de venir finir ses jours là où ils ont commencé ?
Sa petite vie s’organise, entre ballades dans le quartier, ses repas de midi dans ce café où travaille une si belle serveuse, son livre...
Et puis un jour, il croise Tom, son neveu préféré qu’il avait perdu de vue (comme tous les membres de sa famille d’ailleurs... membres que l’on va voir réapparaître petit à petit).
Et là, tout va s’enchaîner... les évenements vont se précipiter...
Désolée, mais ce roman, j’ai l’ai apprécié. Certe, les bons sentiments ont la part belle. Et alors ?! Est ce un mal pour une fois de laisser un peu le bonheur l’emporter ?
Je suis d’accord sur le fait que ce n’est pas son meilleur livre, mais c’est un livre qui fait du bien, tout simplement.
Une petite critique de la politique américaine, un tableau de Brooklyn et de ses habitants, une intrigue quasi "policière", une galerie de personnages drôles, attachants, loufoques, cassés par la vie...
Paul Auster est d’abord publié en France, avant les US. J’admets que cela se ressent dans son livre. Il n’a pas une écriture américaine, mais plutôt une écriture européene...
Ceci dit, on passe un bon moment et c’est ce qui compte le plus dans la lecture. Oublier l’espace d’un instant notre vie et se plonger avec délectation dans un autre univers. Et ça, Paul Auster l’a parfaitement réussi.