Pour de vrai
Le 21 mai 2003
Un premier roman pas drôle mais la misère n’est jamais drôle.
- Auteur : Véronique Olmi
- Collection : Babel
- Editeur : Actes Sud
- Genre : Roman & fiction
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Bord de mer, c’est un premier roman bouleversant qui parle de la misère d’une femme paumée qui veut montrer la mer à ses deux fils. Ca n’est pas drôle, mais la misère, ça n’est jamais drôle. Ça n’en est pas moins universel.
Le bruit des petites pièces jaunes sur la table du café où Stan, Kevin et leur mère se sont réfugiés pour prendre le petit déjeuner, dans cette ville sans nom au bord de la mer, où tout n’est que pluie, boue et vain désespoir est banal, mais tenace. D’autant plus tenace peut-être qu’il en dit plus long que les mots silencieux que la mère de Stan et Kevin voudrait prononcer mais qui restent en elle, étouffés par une sourde et trop intelligible angoisse.
Parce que, en partant au bord de la mer, comme ça, alors qu’il y a école le lendemain, elle n’a pas pris ses médicaments, ni le lolo de Kevin qui ne peut pas dormir sans. Maladresse d’une mère égarée qui chérit ses enfants et veut leur offrir leurs premières vacances, pour qu’ils voient la mer, au moins une fois dans leur vie si fragile. Pas de chance, la mer est déchaînée, le ciel plombé, l’hôtel pourri, les draps troués et les coquillages pour rapporter à la maîtresse introuvables. Et puis le patron du café, il les envoie valdinguer d’un revers de la main les pièces jaunes, pauvres économies rangées dans la boîte à thé, alors que la mère ne voulait justement pas se faire remarquer.
Explorant le thème de l’amour filial contrarié, qui sera au coeur de son deuxième roman, Numéro Six, Véronique Olmi esquisse, grâce à une écriture dont la sobriété fait écho à la dignité des personnages, un tableau à l’universalité oppressante. Universel parce qu’en l’absence salutaire de détails spacio-temporels trop précis, Bord de mer n’est pas là pour alimenter le discours désabusé sur "cette triste époque dans laquelle on vit". Oppressant parce que, malgré le courage de cette femme et de ses enfants qui se battent contre les éléments, on sait, dès les premières pages, que la fin sera inexorable.
Véronique Olmi, Bord de mer, Babel, 2003, 6 euros
– Regards croisés : Bord de mer, le film de Julie Lopes-Curval
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