Caméra d’or 2002
Le 10 décembre 2002
Bord de mer tient dans son cadre le destin d’une poignée de personnages. Élégant, sensible et un peu trop sec.
- Réalisateur : Julia Lopes-Curval
- Acteurs : Hélène Fillières, Jonathan Zaccaï, Ludmila Mikaël, Bulle Ogier
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Festival : Festival de Cannes 2002
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– Durée : 1h28mn
Auréolé d’une Caméra d’or au dernier festival de Cannes, Bord de mer, de Julia Lopes-Curval, tient dans son cadre le destin d’une poignée de personnages. Élégant, sensible, mais sec.
Bord de mer. La mer pour le sel des larmes que retiennent et versent parfois les personnages de ce film, habitants et vacanciers d’une petite cité de la baie de Somme. Le bord pour tout le reste : le premier long métrage de Julia Lopes-Curval, primé à Cannes par la Caméra d’or, rappelle l’importance des bords et des cadres. Et pas seulement au cinéma.
Cadres bien sûr, ces paysages "à la Hopper", comme le dit la réalisatrice elle-même, très appliquée dans la composition de ses plans. Des tableaux pas forcément beaux, le propos n’est pas là, mais toujours très bien équilibrés. Bords, ces existences fragiles, à la limite, borderline irait encore mieux, jamais loin de se jeter dans la mer et qui se découvrent avec pudeur. Ouvrière rêvant de galets plus beaux que ceux qu’elle trie, pré-retraitée n’arrivant pas à tourner la page et qui se ruine au casino, petit patron dépassé en mal d’amour, plaisancière bourgeoise flottant au mitan de sa vie...
Cadres encore, surtout, ces barrières que chacun a élevées autour de soi. Difficulté à dire, à se parler, à se rencontrer : rien de nouveau sous le soleil de la Somme ni de Cannes. Si ce n’est que Bord de mer brille par sa façon de raconter l’histoire de chaque personnage en évitant soigneusement qu’elle ne sorte de son cadre, justement. Chacun reste ainsi doublement à sa place : dans sa vie et à l’écran. Un confinement que rendent bien les acteurs, tous égaux et semblant sans cesse à l’étroit. Il faudra l’intrusion d’un élément extérieur, incongru et tranchant - un requin dans la baie ! - pour que quelques cadres se brisent et s’enchevêtrent, un instant à peine.
Triste, sec, Bord de mer ne serait pas loin de nous faire boire la tasse s’il n’y avait de tels moments d’espoir, minces, naïfs, mais réconfortants : l’éclat du sourire d’une fille enceinte ou la fuite de l’ouvrière et de son ancien patron, partis s’aimer ailleurs. Hors du cadre. Julia Lopes-Curval promet beaucoup. On espère simplement que son deuxième film aura moins de bords et plus de mer.
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