Le 20 décembre 2021
- Dessinateurs : Alfred Mazure, Dimitri Piot, Manuel
- Editeur : Blow Book
- Plus d'informations : Blow Book
Rencontre avec le libraire-éditeur Philippe Capart qui propose avec sa maison d’édition Blow Book un modèle éditorial faisant la part belle à une forme de bande dessinée populaire et à la création graphique, en offrant un mode de diffusion original.
- Pourriez-vous revenir sur votre parcours et votre profession actuelle ?
Je suis né à Bruxelles en 1973. J’ai fait de la bande dessinée et du dessin animé ainsi qu’un passage comme storyboarder à Hollywood. Je m’intéresse aux liens, passés et présents, entre images fixes et images animées. Cela s’est déjà matérialisé par un ouvrage, co-écrit avec Erwin Dejasse, « Morris, Franquin, Peyo et le dessin animé » et un documentaire, co-réalisé avec Dino et Sirio Sechi, « Belvision, la Mine d’Or au bout du couloir ». Je coordonne depuis septembre 2011 une librairie-éditrice : La Crypte Tonique dédiée à la narration par images.
- D’où est née l’idée de créer Blow Book ; à partir de quels constats ?
En 2008, lors d’un Salon à Harlem en Hollande, j’ai été en contact avec les « beeldverhalen » d’Alfred Mazure, Dick Bos, créées sous l’Occupation. Nos Blow books sont une résurgence de ce petit format et de son articulation en « une image par page », la double page permettant leur juxtaposition. Le nom Blow Book est le terme anglais pour livre magique : un ouvrage de magicien. Selon l’alignement de ses doigts sur des encoches lors de son feuilletage orienté vers le public, l’ouvrage révélait ou faisait disparaître des figures du livre. On pourrait le placer comme un antécédent à la bande dessinée et au pré-cinéma. C’est aussi parti d’un constat : la bande dessinée en France et en Belgique, depuis son éloignement des périodiques, est devenue très chers. Le format des Blow Books permet de revenir à une forte pagination ( 224 pages) à un prix démocratique (5 €). Assez spontanément, nous avons lancé nos éditions avec une aventure de Dick Bos : « Jiu-Jitsu ».
- Blow Book c’est à la fois des rééditions et de la création. Combien de titres avez-vous publiés et quelle est votre ligne éditoriale ?
Avec Olivier Van Vaerenbergh et Francesco Defourny nous désirons offrir une nouvelle fenêtre d’expression dédiée à la narration par images. Pas de ligne préétablie, Blow Book se définit au fur et à mesure des titres découverts ou qui nous sont proposés. Il y a actuellement huit titres (on les sort par quatre) et on travaille sur les quatre prochains.
- Quel mode de distribution avez-vous choisi ?
Par leur petite taille, 7,6 x 11,6 cm, on a pensé les proposer en distributeurs automatiques. Cela permet de rapprocher le Lecteur de l’Auteur et nous permet de créer un nouveau réseau de distribution. Le pourcentage que prend le libraire (30% ) est trop élevé pour notre seuil de rentabilité. Nous voulons également que 20 % du prix d’achat, 1 € par livre, aille aux créateurs.
– Vous êtes éditeur et distributeur, vous avez donc mis en place une forme de circuit court pour la distribution du livre.
Il existe en Italie des distributeurs de pain ou de lait qui sont en lien avec une petite ferme. À Liège récemment, un frigo public a été instauré où les gens, à l’image des boites à livres, peuvent déposer des aliments périssables pour les plus démunis...c’est dans cette logique qu’on aimerait s’inscrire. Notre idée n’est pas de découper un best-seller, du type Astérix ou Titeuf, en Blow Book. Bien que présentée sous une forme industrielle, nous proposons une création non genrée, ni ciblée, ni formatée.
- Sur quel type de structure s’appuie Blow Book ? Quel est son modèle économique ?
Le projet a démarré sous la Société Anonyme attachée à la librairie-éditrice La Crypte Tonique. Depuis mars 2021, Blow Book est une Association sans but lucratif. Chaque titre étant tiré à 3 000 exemplaires, on compte sur une dizaine de machines pour distiller les ouvrages ( nous avons actuellement un parc de 5 ). Jusqu’ici, on a bénéficié d’aides de la Fédération Wallonie Bruxelles et de VISIT BXL et notre contribution éditoriale a été entièrement bénévole.
- Vous avez récemment lancé, via une plate-forme participative, LE CLUB BIMBO. En quoi cela consiste et pourquoi cette appellation ?
En 1962, un Club des Bandes Dessinées (CBD) a été fondé pour valoriser la bande dessinée et cela avait confronté - pendant un temps fort réduit - universitaires, auteurs et éditeurs. Cette aventure a été ensuite présentée comme l’activité d’un petit cercle de collectionneurs nostalgiques et bornés alors qu’il comprenait de fortes personnalités comme le cinéaste Alain Resnais, le biospéléologue Pierre Strinati ou l’auteur de Barbarella, Jean-Claude Forest… qui sont bien éloignés de la caricature du bédéphile monomaniaque. Ce Club avait permit la création d’un bulletin critique, la revue GIFF-WIFF, la tenue d’un colloque international à Bordighera et la promotion de la bande dessinée comme un art. Il me semblait intéressant de renouer avec cette dynamique d’échanges et de confrontations du milieu des années 60. Une logique qui poursuivait celle des clubs des périodiques pour jeunes des années 30 comme Le Club Mickey ou Les amis de Spirou mais en se délestant de leur consumérisme et paternalisme. Les journaux pour jeunes étaient alors apparentés à un bulletin reliant des communautés de lecteurs. Depuis la disparition des bandes dans les journaux, il manque cette énergie associative. Le Club Bimbo désire renouer avec cette dynamique : se réunir pour échanger. Sa mascotte a été créée par Guy Depière en 1940 pour animer son périodique Aventures illustrées. Il nous a semblé que malgré ses 80 ans, BIMBO n’avait pas pris une ride et ne semble avoir rien oublié !
Galerie Photos
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