Le 6 avril 2017
Body Count revient énervé, et il a de quoi : rien ne change pour les Afro-Américians aux Etats-Unis.
- Date de sortie : 31 mars 2017
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Notre avis : Bloodlust part d’un constat, où plutôt, se finit sur un constat : "All these people out here tripping off police brutality like this shit is something new /Give me a fucking break /I’ve been talking about this shit for over 20 years /And now you can kill a motherfucker just because of how he’s dressed / Are you fucking serious ?" sont ainsi les mots introductifs de Black Hoodie, la conclusion d’un album surprenant par son esprit ghetto. Surprenant parce que, après bien des années, alors qu’il a 59 ans, une carrière télévisuelle, une télé-réalité (on ira pas trop s’étendre sur ce point-là), et des millions de dollars à ne plus savoir quoi en faire, Ice-T continue de délivrer des lyrics comme si en se levant le matin le gars allait ramasser son journal à la porte de son 3 pièces de Crenshaw, Los Angeles. Car, outre l’esprit revendicateur intact, ce Bloodlust est également l’occasion de témoigner d’une attache toujours très forte à la vie dans le "hood", avec des morceaux directement en référence à ce quotidien. Le premier, et le plus évident, This is Why we Ride, en constitue son sujet central, avec son regard introspectif de la vie dans le ghetto, cependant jamais cloisonné par le passé et toujours d’actualité par le manque de changement des conditions de vie là-bas. Même All Love is Lost, en apparence éloigné de cette thématique, s’intègre par son sujet et la violence de ces paroles dans la continuité de la piste précédente, bien aidé pour ce qui est de la brutalité par l’intervention de Max Cavalera et son scream, venant enfoncer le clou d’une ambiance musicale déjà bien haineuse.
Doté d’un mixage percutant et rond, Bloodlust dégage également par sa lourdeur une atmosphère parfois étouffante, souvent nerveuse voire infernale lorsque s’ajoute à des riffs efficaces des coups de feu, des explosions, des sirènes de police ou des cris (et des screams) rendant palpable le chaos régnant dans un ghetto. Encore une fois, à ce titre, This is Why we Ride s’érige en porte étendard de cette formule destructrice et ultra-violente, imprégné par une volonté de conteur, certes aujourd’hui éloigné du ghetto, mais toujours lucide quant à ces quartiers et leur situation. A impacter à cette véracité palpable, le manque certain de changement et d’amélioration pour les afro-américains en tant que généralité et communauté, malgré des protestations de plus en plus vigoureuses, que Ice-T n’oublie pas d’évoquer, en en soulignant notamment l’hypocrisie. Cependant, par No Lives Matter, retournement pertinent du slogan All Lives Matter, lui-même dérivé de Black Lives Matter, le rappeur ne procède pas à la victimisation facile en prenant le problème sous un angle racial bien évidemment, mais également et surtout socio-économique, en attaquant plus largement les discriminations envers une branche pauvre de la population. Noirs, blancs, latinos, arabes ou asiatiques, qu’importe au final, les inégalités ne reposent plus tant sur un concept de race (qui n’a, scientifiquement parlant, aucune raison d’exister) que sur un critère socio-économique. Fidèle à la mouvance punk, hardcore qui plus est, Body Count enrobe son constat et son propos par une rage fédératrice, un appel à l’unicité pour combattre ces disparités. L’extrémisme de la vision déployée par le groupe, ancrée dans une réalité amère, fait autant bouger la tête (et les cheveux, si on n’est pas comme Ice-T) que les consciences. Bloodlust représente ce coup de poing douloureux, énervé, mais qui peut procurer le plus grand des exutoires.
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