Blake et Mortimer . Tome 23 . Le Bâton de Plutarque - La chronique BD.

Résumé : nous voici au printemps 1944, la guerre se termine. Le capitaine Francis Blake, un pilote émérite de la Royal Air Force réussit au péril de sa vie à empêcher une attaque aérienne sur le Parlement de Londres, aux commandes d’un Golden Rocket, encore à l’état de prototype.

Cette action d’éclat lui vaut un engagement au sein du MI6, afin de contrer non pas l’ennemi nazi, quasiment à genoux, mais bien une menace encore indéfinie, celle de l’attaque de l’Empire Jaune, qui attend, tapi dans l’ombre, que les puissances européennes aient fini de s’épuiser mutuellement. Pour ce faire, Blake est mandaté auprès de son vieil ami, le professeur Mortimer (car ils se connaissent depuis l’adolescence : rappelez vous des Sarcophages du 6ème Continent !!! Il faut suivre, que diable !!) afin de procéder aux tests de l’arme secrète anglaise, le célèbre Espadon, dont le secret fit l’objet des trois premiers tomes de Blake et Mortimer à l’époque où E.P. Jacobs était aux manettes.

MAIS (car il y a toujours un "mais", sinon ce serait trop facile), nos amis ne sont pas au bout de leurs épreuves, car les espions jaunes, dirigés par un colonel de sinistre mémoire, sont aux aguets !

Notre avis : entendons-nous bien : ça fait toujours plaisir de retrouver ces bons vieux Blake et Mortimer, le dessin de Juillard mérite tous les superlatifs possibles et imaginables (dans son genre, bien sûr), le scénario de Sente est tiré au cordeau, plein de suspense et truffé de références à l’œuvre originale. Le tout se lit donc avec un plaisir bien légitime.

Cependant..... comment dire...... la volonté de continuité et d’hommage est compréhensible, louable même, mais il n’en reste pas moins que nous sommes au 21ème siècle. Ce genre de bande dessinée "old school", manichéenne à souhait, où les gentils sont écœurants de vertu et les méchants si épouvantables qu’ils n’en sont même pas crédibles ne tient plus vraiment la route.

On est ainsi presque gênés pour ce brave capitaine Blake, quand il clame fièrement qu’il est prêt à "mourir pour sa patrie, mais pas à n’importe quel prix" (si si, il le dit). De la même manière, on se demande comment le vil Olrik peut être si caricaturalement abject. Enfin, il faut aussi signaler que le stéréotype du "jaune" perfide attendant sournoisement de pouvoir récupérer les restes fumants d’une Europe en ruines pouvait certainement passer comme une lettre à la poste en 1946. Aujourd’hui, par contre, une telle idéologie peut sembler légèrement rance aux esprits un peu tatillons....

Blake et Mortimer semblent donc toujours enfermés à double tour dans les années 50. On peut même se demander si le véritable hommage n’est pas plutôt à chercher chez Veys et Barral, qui, dans leur série Philip et Francis ont su dynamiter le mythe dans un respect indéniable.

Mais ne boudons pas notre plaisir : le Bâton de Plutarque, sans révolutionner la légende ou même bousculer le genre, reste une agréable lecture de détente, à savourer paisiblement au coin du feu en ces fêtes de fin d’année