It began in Africa
Le 15 avril 2003
Quatrième album, et le plus abouti, de l’inventeur du blufunk.
- Artiste : Jones, Keziah
L'a écouté
Veut l'écouter
Le retour d’un chouchou du public français avec un album luxuriant et inventif. Black Orpheus tisse des liens transatlantiques entre l’afrobeat des seventies et la nu-soul des années 00.
Son titre l’indique, Keziah Jones a placé haut la barre pour son quatrième album. Black Orpheus renvoie au film franco-brésilien Orfeu Negro qui révéla dans les années soixante la bossa-nova de Tom Jobim, mais aussi à l’album mégalo Black Moses d’Isaac Hayes (1971), paru à une époque où les Afro-Américains imaginaient une version moins ethnocentriste des mythes de l’Occident blanc. Black Orpheus, suite de douze morceaux sur les errances des Africains dans le monde, contemple avec délices un possible retour en Terre promise. Keziah Jones en connaît un rayon, lui qui a traîné ses guêtres dans les métros de Londres et Paris, avant de s’imposer auprès du public français avec le magique Blufunk Is A Fact de 1992. Et des concerts envoûtants où le charismatique Nigérian improvise sur ses tubes Rhythm Is Love ou Where’s Life avec une liberté rappelant le Prince de la grande époque.
Au cours de nombreux aller-retours Paris-Lagos, Jones a eu l’occasion de rencontrer le flamboyant Fela Kuti peu de temps avant sa mort en 1997. L’ombre de l’inventeur de l’afro-beat plane d’ailleurs sur tout Black Orpheus, en particulier sur un fougueux Kpafuca ("confusion", en pidgin nigérian). Cette inspiration offre surtout à l’album une unité de son qui manquait à ses deux prédécesseurs, notamment au décousu Liquid Sunshine. Si le toucher de guitare de Keziah Jones est toujours aussi époustouflant, ses arrangements se sont considérablement étoffés depuis le minimalisme mélodique de Blufunk..., qui affleure parfois sur Femiliarise ou Sadness Is.
La parenté avec D’Angelo, autre partisan d’une soul ressourcée aux origines afro, sautera aux oreilles dès les cuivres moites et les harmonies vocales sophistiquées de Afrosurrealismfortheladies. Pas étonnant, puisque l’ingénieur du son Russell Elevado, protagoniste du collectif nu-soul Soulquarians (Erikah Badu, The Roots, Common...) est à la console sur Black Orpheus comme sur le Voodoo du susnommé. Ainsi épaulé, Keziah Jones jette les bases d’un nouveau funk onirique et musical, moins down and dirty que sa version originelle américaine. Et tellement sensuel qu’on voit mal comment le succès pourrait cette fois se limiter à sa seule terre d’élection française.
Keziah Jones - Black Orpheus (Delabel)
Galerie photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.