Black Cherry

En 2000, les adorateurs de la scène anglaise n’avaient d’yeux que pour la belle Alison Goldfrapp. Accompagnée par Will Gregory, elle allait faire le tour de la planète avec un premier album hors norme sous le bras. Encensé par les critiques du monde entier, Felt Moutains flirte avec l’esprit d’Ennio Morricone et retrace une vrai épopée cinématographique peuplée de fantômes du passé.

Forte de ce succès planétaire, la route des Anglais est subitement devenue excessivement glissante. Goldfrapp doit surprendre et surtout ne doit pas décevoir. Le duo est devenu, le temps d’un album, le porte-étendard d’une électro anglaise en perdition. Le challenge était élevé, mais Black Cherry le remporte haut la main. L’esprit baroque de Felt Moutains est ici dynamité. En lieu et place des rythmiques chaloupées et des atmosphères cosy, les beats énergiques et industriels viennent déstructurer des ambiances électroniques tendues. Le tout donnant naissance à des morceaux à la limite des sonorités hardcore comme Train et Strict Machine ou plus proche d’un esprit pogressif comme Tiptoe.

Mais Goldfrapp n’aurait pas le même goût sucré-salé sans la voix délicieuse de sa chanteuse. En apportant violence et sensualité, elle démonte les codes actuels de l’électronica et transcende les compositions. Black Cherry renforce la capacité de Goldfrapp à emmener l’auditeur à la frontière de l’expérimentation, tout en gardant cette image de simplicité voir d’évidence de sa musique.

Ouf, nous voilà rassurés, le charme et la magie de Goldfrapp sont toujours présents, mais sous une nouvelle forme. En explorant leur côté sombre et urbain et en empruntant des chemins de traverses, les Anglais livrent un second album coup de poing, démontrant que l’électro peut encore être inventive et surprenante.