J’ai TéTé C’est bon
Le 11 mars 2005
Bienvenue, Turlupineurs et Têtes à Claques. TTC, les nouvelles initiales du rap.
- Artiste : TTC
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Acte d’amour et de dévotion, cet article sera. Hommage à l’un des plus grands groupes de rap français, à mi-chemin entre Depeche Mode, Jérôme Minière, Corinne Charby et Georges Brassens. A de lointaines encablures de la médiocrité crasse. Bienvenue, Turlupineurs et Têtes à Claques. TTC, les nouvelles initiales du rap.
– En passant : l’album Bâtard sensibles est nommé dans la catégorie Meilleur album rap aux Victoires de la musique 2005
Ceci est bel et bien un disque. [1] Il faut les avoir bien accrochées ; qu’on ne s’y trompe pas, TTC, c’est du hardcore à la mode new-wave, une boule de flipper incandescente et prétentieuse. MC rapper, reste à ta place, TTC va t’apprendre que Eight miles c’est comme une pub pour Häagen-Dazs. Ça génère de la vocation, ça provoque de l’envie, mais TTC "a déjà gagné ce rap jeu". Les enfants, les micros sont lâchés. Cuizinier, Teki Latex et Tido Berman vous inoculent à sec.
Aux femmes, on demandera de s’écarter quelque peu ; TTC pénètre la lice. Assistons à la création iconoclaste de jeunes gens quasi intelligents. Avec Du sang sur le dancefloor [2], ils commettent l’irréparable. Hymne à la menstruation, déclaration de haine amoureuse, violente et ensanglantée, les trois MCs posent leur flot/flow/flux, mix-tapers de la lexie.
C’est un chant des hommes, comme nous le dévoile le track 3, sur un beat volé à C’est l’amour de Léopold Nord & Vous [3]. Des obsessions simples, lancinantes et martelées : pénétrer, se faire lécher, jouir sans partager.
Jean-foutre phallocrates qui ne font pas semblant de nous aimer, les Taxidermistes des Truismes Consternants savent aussi délivrer un message subliminal et surréaliste, la sueur au front, Devos du Korg Triton.... Leur "les longs soirs d’hiver j’apprends à mon chat à marcher sur les pattes de derrière" n’est pas sans nous rappeler le "mon chien, c’est quelqu’un" de l’illustre Raymond. Ou encore Catalogue, où l’énumération automatique l’emporte, avatar du surréalisme bourgeois des arrondissements centraux. TTC est né dans le 15e, la Rive gauche, ça ne pardonne pas.
Pourtant, l’appel d’offre est évident... Femme je vous aime... souvenez-vous, Julien Clerc recyclé par NANA. Tiraillés entre les thématiques chétives de la rhétorique banlieusarde, la fierté mâle des "posse" mal dégrossis et la volonté de puissance de Vanillas Ice homosexualisés, TTC se complaît dans le discours éculé des casquettés des Sound System, pour mieux retourner la plaie au couteau, enfoncer une lame rouillée dans nos veines trop étroites, le sourire aux lèvres, mais perclus de remords quand même, soumis à un début de siècle anxiogène.
Allez, on se détend. Et on réfléchit un peu. Comment en est-on arrivé là ? TTC, comme une pandémie au fond de la trachée.
Chantons en chœur : Quand les mecs de TTC débarquent dans le club,
Avec leurs dégaines de branleurs
Moitié thugs moitié nerds soudain toutes les meufs
Ressentent quelque chose de bizarre dans leur cœur.
Bâtards sensibles, TTC (V2)
Le groupe sera en showcase Fnac à Paris très bientôt :
12 mars Fnac Défense : 15h30
6 avril Fnac Champs-Elysées : 14h00
8 avril Fnac Italiens : 18h00
et en concert le 21 avril à l’Elysées Montmartre
Tracklisting :
1 Ebisu rendez-vous
2 Dans le club
3 Le chant des hommes
4 Du sang sur le dancefloor
5 Catalogue
6 J’ai pas sommeil
7 Rap jeu
8 Latest dance craze
9 Girlfriend
10 Bâtard sensible
11 Codéine
12 Meet the new boss
[1] Ceci n’est pas un disque - Big Dada - 2002
[2] Extrait : Prisonnière de tes hormones/Aux hommes plus rien tu ne pardonnes/Tu obéis lorsqu’elles ordonnent/T’autodétruis et t’abandonnes
[3] Léopold Nord & Vous, C’est l’amour, paroles : Alec Mansion, musique : B. et H. Mansion, Editions BMG, 1987
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