De bruit et de fureur
Le 23 décembre 2017
Le film culte d’une nouvelle génération, vélocité totale.
- Réalisateur : Edgar Wright
- Acteurs : Kevin Spacey, Jamie Foxx, Jon Hamm, Jon Bernthal, Ansel Elgort, Lily James, Eiza Gonzalez
- Genre : Action, Thriller
- Distributeur : Sony Pictures Releasing France
- Editeur vidéo : Sony Pictures Home Entertainment
- Durée : 1h53mn
- Date télé : 21 décembre 2024 22:22
- Chaîne : Ciné+ Premier
- Box-office : 834 898 entrées France / 266 904 entrées P.P. / 107.825.862$
- Titre original : Baby Driver
- Âge : Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
- Date de sortie : 19 juillet 2017
Résumé : Chauffeur pour des braqueurs de banque, Baby ne compte que sur lui-même pour être le meilleur dans sa partie. Lorsqu’il rencontre la fille de ses rêves, il cherche à mettre fin à ses activités criminelles pour revenir dans le droit chemin. Mais il est forcé de travailler pour un grand patron du crime et le braquage tourne mal… Désormais, sa liberté, son avenir avec la fille qu’il aime et sa vie sont en jeu…
Critique : Il aura finalement fallu attendre cinq ans avant de pouvoir se mettre un nouvel Edgar Wright sous la dent. C’est chose faite avec ce Baby Driver qui devrait satisfaire ceux qui aiment ne pas lever le pied de la pédale d’accélérateur tant que le son est bon.
Nous n’avions plus vraiment eu de nouvelle du petit prodige Edgar Wright depuis son désistement houleux du projet Ant-Man (par ailleurs un triste constat que de voir ce genre de départ devenir une habitude dès lors qu’il s’agit de superproduction), le dernier film de l’Anglais à ce jour étant donc Le Dernier pub avant la fin du monde, segment final de la fameuse Blood and Ice Cream Trilogy. Or donc, c’est un peu par surprise que débarque Baby Driver qui n’en reste pas moins des plus attendus, en plus d’être un projet mûri de longue date (les prémices de celui-ci remontant tout de même à 1995, même si c’était alors juste un embryon d’idée). La question est donc : Baby Driver tient-il donc sa promesse de "film le plus cool de l’été", réputation qui lui colle à la peau depuis les premières projections dithyrambiques aux États-Unis ?
- Copyright 2017 Sony Pictures Releasing GmbH
Sans surprise, ce n’est pas encore cette fois qu’Edgar Wright nous décevra, le film relevant haut la main son pari de course-poursuite sur fond de rock’n’roll. Car oui, là on où l’on pouvait craindre un ersatz de Drive en version ado (le prologue est pour ainsi dire le même en matière de trame narrative, à savoir un chauffeur talentueux aidant des braqueurs à fuir après un casse), Baby Driver officie avec des intentions toutes autres, notamment celle d’être un gros trip d’action dopé au son de Queen, T. Rex, The Damned ou encore The Commodores, la liste étant vraiment longue...
Et pour cause, la musique, toujours essentielle dans les films du réalisateur (le juke-box dans Shaun of the Dead ou la majorité des scènes de Scott Pilgrim en témoignent) se fait ici omniprésente, tenant le vrai premier rôle de l’œuvre. Elle englobe la quasi-intégralité du métrage, donnant d’autant plus d’impact à ses quelques moments de silence, et agit en parfaite synergie avec lui. On est donc bien loin de l’horripilante "playlist aléatoire" à la Suicide Squad que l’on pouvait légitimement redouter avec une bande originale d’une telle consistance (on avoisine tout de même les trente titres).
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Un écueil qu’Edgar Wright évite notamment grâce à sa maîtrise absolue du rythme, celui-ci étant avant tout axé sur la nervosité et le fun. Cela se constate aussi bien dans les scènes d’action, se synchronisant efficacement sur la musique tonitruante, que sur les quelques blagues balancées ici et là et qui font toujours mouche (en cela la version originale est à privilégier, ce fameux rythme étant difficilement restituable). On ajoutera une mise en scène brillante et ingénieuse, chaque plan ayant droit à sa petite idée pour lui donner du cachet.
Alors certes, tout ceci se fait au détriment d’un scénario pas toujours folichon. On ne peut que regretter la romance un peu bâclée entre Baby (le protagoniste) et Debora (à moins qu’il ne s’agisse là de Shelly Johnson de Twin Peaks, la ressemblance physique étant véritablement troublante avec l’actrice Mädchen Amick), comme si la vélocité qui imprègne tout le film se faisait au gré des relations entre personnages. Un défaut que l’on finit pourtant par digérer durant cette course débridée, cette graine de film culte finissant par assumer pleinement son délire dans une dernière demi-heure dantesque qui voit le cinéaste aligner les moments de bravoure et de coolitude exacerbée.
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À ce titre, on pourrait dire de Baby Driver qu’il est le plus tarantinesque des Edgar Wright. Alors oui, on sait que les comparaisons avec l’auteur de Pulp Fiction sont trop souvent légion dès lors qu’il s’agit du cinéma un tant soit peu de genre ; mais comment ne pas penser à lui avec cette brillante utilisation de la bande originale donc, mais aussi de cette violence décomplexée qui surgit quand on ne s’y attend pas ? Car Edgar Wright utilise quelques effets gore, qui n’atteignent pas pour autant les moments les plus graphiques de Shaun of the Dead ni même Hot-Fuzz. De plus, toujours à l’instar de Tarantino, Wright sait, et ce n’est encore pas une nouveauté, choisir un casting parfaitement approprié. Que ce soit Kevin Spacey, John Hamm, Ansel Elgort ou Lily James, tous conviennent parfaitement à leur rôle. Et l’on ne peut que se satisfaire de voir un Jamie Foxx s’éclater en bad guy aux pulsions meurtrières ; l’acteur n’ayant d’ailleurs pas tari d’éloges le film lors de sa promotion, quitte à taper sur Sleepless dont il tenait la tête d’affiche en début d’année aux USA (sortie estivale le 9 août sur notre territoire, ndlr).
Baby Driver est donc un parfait condensé du savoir-faire d’Edgar Wright, même si l’œuvre manque peut-être un peu de personnalité par rapport à ce que le Britannique a pu faire auparavant (affirmation toute relative, le bonhomme ayant tout de même une patte bien reconnaissable). Il serait néanmoins dommage de se priver d’une telle virée à tombeau ouvert, éprise de bon rock et de courses-poursuites furieuses s’inscrivant dans ce qui se fait de mieux dans le genre.
Le test DVD
Édition Blu-ray simple ou méga collector, Sony soigne son succès surprise de l’été 2017, déjà culte pour toute une (jeune) génération de cinéphiles.
Les suppléments
Avec ses deux commentaires audio, ses modules making-of à profusion, ses 20 minutes de scènes inédites ou rallongées, ses clips, ses nombreuses bandes-annonces et teasers... Baby Driver est un modèle de suppléments pour une production mainstream. À vrai dire, à une époque des featurettes sans intérêt et du désengagement progressif des éditeurs vis-à-vis du support physique et des sections suppléments, l’édition du classique sur roues pour jeunes adultes est une surprise euphorisante qui mérite l’intérêt de ses jeunes fans.
L’image et le son
Le film de 2017 a été tourné en haute définition et correspond à tous les canons visuels des productions léchées. L’image est irréprochable et son concept de playlist en guise de bande-son est destinée à emmitoufler le salon en fonction de ses ambiances. Le 5.1 DTS HD Master Audio est impressionnant, y compris en VF. C’est pour dire le soin apporté à cette édition loin d’être anodine.
– Sortie DVD & Blu-ray : le 29 novembre 2017
- Copyright 2017 Sony Pictures Releasing GmbH
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Clement-42 28 juillet 2017
Baby Driver - Edgar Wright - critique
Critique qui voit bien en effet aussi bien les grandes qualités que les quelques défauts du film. A titre d’indication, Lily James a été Cendrillon sous la houlette de Kenneth Branagh (où elle était consternante) et a commencé sa carrière dans l’excellente série Journal intime d’une call-girl (où elle cabotinait jusqu’à l’exaspération). C’est sans doute la première fois qu’elle me convainc plutôt à l’écran : http://bit.ly/2tHSGwB
MYTHOMANIAC 5 juin 2019
Baby Driver - Edgar Wright - critique
Une belle énergie, une oeuvre audiovisuelle, des éclairs de mise en scène, des cascades en voiture très efficaces et des clins d’oeil en tout genre, dommage que l’histoire soit assez évidente. Un super exercice de style principalement technique.
MYTHOMANIAC 6 juin 2019
Baby Driver - Edgar Wright - critique
Une énergie, une oeuvre audiovisuelle, des éclairs de mise en scène et des clins d’oeil en tout genre. Chapeau pour Paul Williams