Le 19 février 2004
Aude Samama a publié son premier album,En série, chez Frémok en 2002. Son travail, très pictural, répond aussi à une vraie recherche au niveau du scénario, dans un récit à tiroirs où les visions et les sentiments s’imbriquent. Rencontre lors du dernier festival d’Angoulême.
Aude Samama vient de publier son premier album...
Pouvez-vous me parler de votre parcours avant la réalisation de votre premier album, En série ?
J’étais à la fac jusqu’à la licence à St Charles, à Paris, où on avait une option bande dessinée, puis je suis partie à l’école d’Angoulême pour aller plus loin dans ce domaine. C’est un médium qui me convient bien, qui correspond pour moi à une envie de raconter des histoires, de créer un univers seule, sans avoir besoin de gros moyens.
Quels sont les artistes, les livres, les œuvres qui vous ont marquée, donné l’envie de raconter vos propres histoires ?
Au niveau de la bande dessinée, il y a vraiment Breccia et Mattotti. C’est peut-être les premiers qui m’ont fait penser qu’on pouvait faire de la bande dessinée autrement... En peinture, c’est les Expressionnistes allemands et les Fauves qui m’inspirent le plus. Il m’arrive de partir d’une peinture pour réaliser une planche. Pas pour la reproduire, mais pour essayer de retrouver sa force, son atmosphère. J’ai été très marquée par les livres de James Ellroy, et, plus récemment, par ceux de Selby et de Breat Easton Ellis. Le cinéma m’influence sûrement aussi, mais de manière plus inconsciente.
Comment est née l’histoire d’ En série ?
Ma part d’ombre de James Ellroy a été en quelques sortes un point de départ. Mon histoire n’a finalement pas grand-chose à voir avec celle d’Ellroy, mais ce livre m’a donné l’envie de faire quelque chose, de retrouver des émotions. J’ai d’abord fait les planches en noir et blanc, puis j’ai préféré ne pas continuer l’histoire de manière linéaire. Si je l’avais fait, je serais allée vers le polar, et je voulais raconter quelque chose de plus intime. Donc, j’ai préféré repartir en arrière, explorer le passé, tout ce qui a conditionné les actes du personnage. Le scénario et le dessin se sont créés simultanément, les deux étaient indissociables. Pour mon prochain livre je procède autrement, j’ai travaillé le scénario d’abord pour avoir un dessin qui en découle.
Vous comptez donner plus d’importance au texte, à l’avenir ?
Au départ, j’ai plus focalisé sur le dessin et la narration que sur le texte. Je considérais que l’important c’était de faire quelque chose sans forcément se poser trop de questions qui, finalement, empêcheraient d’avancer. Maintenant, avec un peu de recul, j’essaie de mieux réfléchir à ce que j’ai envie de dire et à la manière de le dire. Plus de texte permet aussi au lecteur de pénétrer plus facilement dans une histoire, et mieux le maîtriser donne aussi plus de liberté. Dans En série, le texte était très instinctif, assez franc, et ça, j’espère que je ne le perdrai pas. Mais c’était lié aussi au côté très sombre et obsessionnel de ce récit, et à un moment donné où je ne pouvais que faire ça. Pour mon nouveau livre, j’essaie de rentrer un peu plus dans la peau de mes personnages pour savoir ce qu’ils peuvent vraiment ressentir.
Pouvez-vous m’en dire un peu plus sur ce nouveau livre sur lequel vous travaillez ?
C’est une histoire un peu plus longue et en couleurs. Elle parle de l’intrusion d’un homme dans l’existence de son frère et de ce qu’entraîne le décalage de leurs vies. J’ai envie que les dialogues entre les personnages soient vivants, naturels. Je travaille aussi sur une voix off qui permet de suivre l’évolution de la pensée du personnage principal. La couleur, les cadrages, créer des atmosphères restent très importants pour moi. Retranscrire des émotions, des sensations et en même temps garder le fil d’un récit, lier vraiment les deux. Etre, peut-être, plus lisible, donner plus de repères au lecteur, mais sans tomber dans l’anecdotique.
Propos recueillis à Angoulême, le 21 janvier 2004
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