Coup de cœur du mois
Le 15 février 2019
Une succession de tubes personnels, qui enchaînent spleen et saillies cathartiques, et qui comptent parmi les morceaux les plus intenses de la scène française de ces dernières années. Coup d’essai, coup de maître. C’est l’incontournable du mois de février.

- Genre : Vidéo-clip

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Notre avis : Après un EP de cinq titres qui retentissait comme une somme de perfection de rythme et de rimes, de colère et d’humeur imbibées, l’album d’Antoine Elie s’est fait attendre. Le chanteur avait pourtant déjà composé très tôt les morceaux qui allaient constituer le cœur du projet long, mais il fallait attendre le bon moment pour lancer pareille petite bombe de chansons pop-rock-urbaineq au flow cabossé, à la saccade d’amertume et de dégoût, celui des lendemains de cuites dont on n’arrive pas à se débarrasser des relents amers.
© 2018 Polydor. Tous droits réservés.
Quelques morceaux plus tard, jetés en singles rentre-dedans pour prendre la température très caliente (le thématiquement redondant et forcément enivrant Clopes Sky-Cola, l’implacable La Boîte, au rythme de club imparable qui habite l’écoute), l’album est prêt à s’exposer, voir à exploser. Et le résultat est douloureux de sa beauté triste de poète condamné à l’écriture sous influence, confirmant les espoirs caressés sur l’EP éponyme qui hante encore.
© Jim Rosemberg. Tous droits réservés.
Des 13 titres de ce premier album, on se débarrasserait bien de l’acoustique lisse de La rose et l’armure qui semble avoir été composé comme ballade consensuelle pour atterrir sur les radios Fréro Delavega-compatible. C’est d’ailleurs le single officiel pour accompagner la sortie de l’album. Dans son genre, la chanson est belle, mais n’a pas l’ADN poignant, dans ses notes et ses mots, du mythe en construction qu’est Antoine Elie. De l’artiste, on préfère retenir la dureté des paroles, des lyrics qui abîment dans l’autoflagellation et l’autoportrait d’une errance poético-urbaine d’un provincial qui cherche toujours sa place. Lui qui a goûté aux soirées parisiennes, pour citer le titre d’un morceau de l’EP trop injustement écarté du tracklisting du Roi des silences, il est maintenant temps de s’interroger Où aller, morceau puissamment dansant, qui démontre, bien plus que La Boîte, le talent pluriel d’Elie, capable de bouleverser dans la poigne de ses balades (Aïe, L’Amas de chair), mais surtout d’accélérer les battements de cœur, sur des morceaux transcendants, sans les artifices des instruments synthétiques.
© 2018 Polydor. Tous droits réservés.
Qu’il se prenne pour un Miossec à la juvénilité de millénial sur l’impressionnant Nuit Tranquille, ou qu’il se la joue cynique sur Sous la mer, Elie pose des cris personnels qui baignent dans la rage de son barillet : Le Bad, Je réponds pas, Psylo..., il aime revendiquer cette autodestruction poétique qui enflamme les passions. A ce titre, la chanson Le Roi du silence, qui clôt l’album, avec ampleur et prestance, est probablement le morceau le plus émouvant de ce vortex d’émotions qui compte comme notre premier gros coup de coeur francophone de ce début de l’année 2019.
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