Le 28 novembre 2017


- Scénariste : Marguerite Bennett >
- Dessinateur : Rafael de Latorre
- Coloriste : Rob Schwager
- Genre : Science-fiction
- Editeur : Snorgleux Comics
- Date de sortie : 22 septembre 2017
Nouveau venu sur le marché du comics français, Snorgleux débarque avec un concept fort assez éloigné du comics indé standard avec en tête d’affiche : Animosity.
La belle histoire de Snorgleux Comics ouvre de nouveaux horizons au marché français. En 1998, M. Joly achève ses études d’informatique et abandonne tout pour ouvrir sa librairie baptisée... l’Antre du Snorgleux ! Le label démarre avec quelques tirages limités et sketchbooks, le temps d’apprendre le métier avant de franchir le pas six ans plus tard : Snorgleux Comics est né avec pour ambition de partager ses coups de cœur au public français sur un marché assez saturé par les gros éditeurs mais aussi de plus en plus par les indés dans lequel Snorgleux va devoir se faire sa place ! C’est plutôt pas mal parti avec ce Animosity, fer de lance du nouveau label.
Le tome 1 d’Animosity entraîne le lecteur dans un monde où les animaux se sont mystérieusement éveillés et ont décidé de se venger des hommes. Le récit suit le parcours d’une fillette et de son chien dans les rues de New York, à la recherche de la seule personne capable de les sauver.
Animosity est un album concept. Le réveil de la conscience des animaux est évidemment l’occasion de passer au révélateur l’absurdité de nos sociétés, notamment dans ses rapports de force et de domination sur une espèce dont le nombre est infiniment supérieur à celui des hommes. Et pour tenir la promesse face à l’ampleur d’un tel script, il faut assurer derrière : brosser des personnages profonds et attachants tout en mêlant leur histoire à la grande Histoire. C’est un pari plutôt réussi ici.
D’un point de vue visuel tout d’abord, chaque animal utilise ses caractéristiques physiques pour donner vie au nouvel ordre du monde. Le trait de Rafael de Latorre est suffisamment réaliste pour donner des vignettes improbables (les bois du cerf bardées de grenades) et un malaise diffus, rendant évidente la souffrance causée par l’homme. La matière du récit (signé Marguerite Bennett) ensuite, une fuite en avant pour la survie et des retrouvailles inespérées, est suffisamment rythmée pour captiver.
La succession des événements dramaturgiques en serait presque trop rapide parfois... Pour autant, les points de vue sur ce monde post-apocalyptique sont assez nuancés et nombreux, les clans se forment et la nourriture manque très vite comme dans tout bon récit post-apocalyptique. D’une violence assez sadique parfois, le tome 1 souffre donc parfois d’ellipses un peu brutales mais qui n’empêche pas de construire et articuler un discours sur le nouvel ordre et règne animal. La tragédie qui se joue là n’en est pas moins singulière et puissante et ce premier titre Snorgleux prometteur. Suffisamment pour qu’on ait envie d’y revenir même si le scénario doit encore gagner en épaisseur.
120 pages - 16,50 €