Littérature
Le 9 juin 2002
Le Monica Gate comme si vous y étiez. Aussi inconvenant qu’excitant, aussi poisseux que décapant.
- Auteur : Joe Eszterhas
- Editeur : Le livre de poche
- Genre : Document
- Nationalité : Américaine
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Acte I. Ah non, pas ça, pitié ! Sur la couverture, une bouche pulpeuse peinte en rouge framboise. Celle de Monica dans laquelle Bill ne pensait qu’à mettre au chaud son appendice ? Franchement, on en a soupé de cette histoire. Basta cosi ! Mais les prévisions météo sont abominables pour le week-end... et, après tout, il n’est pas interdit de feuilleter la presse torchon chez le coiffeur, d’un air détaché... "Paquet cadeau, s’il vous plaît." Bonne feinte pour ne pas avoir à subir la honte du regard narquois de son libraire favori.
Acte II. Prenez un scénariste talentueux et prospère, rangé des valises mais point trop n’en faut, installez-le devant sa télé, zappant comme un forcené pour ne rien perdre de l’Affaire, faites-lui lire tout ce qui a pu paraître, honnêtes comptes-rendus, démonstrations fumeuses ou ramassis de ragots minables, laissez-le s’en imbiber, le talent fera le reste. Frère siamois du "premier président rock’n’roll" des États-Unis, nourri comme lui au biberon Flower Power de la baise stakhanoviste et de la contestation tous azimuts, Joe Eszterhas (scénariste de Basic instinct pour le situer) découpe au scalpel les errements de la société américaine, se torche le cul avec sa pudibonde morale, décortique avec un hilarant sans-gêne les mécanismes du pouvoir, de l’ambition et de l’information, nous livrant une galerie de portraits d’une férocité jubilatoire doublée d’une très subtile analyse psychologique.
Au bout des sept cents pages d’American rhapsody menées au rythme d’une chanson de l’Elvis de la grande époque, on saura tout sur le moi profond des différents protagonistes, qu’il s’agisse des rôles-titres, Bill, Hillary, Monica, de comparses à la notoriété planétaire, Warren Beatty, par exemple, "l’homme au braquemart d’or" dépeint au vitriol tout comme Richard Nixon, maléfique "Créature de la Nuit", sans oublier les sans-grade, manipulateurs avides de gloire cathodique, "Cybercoprophage", "Trimardeuse de la Crassouille" (au passage, un grand coup de chapeau au traducteur, Bernard Cohen) et autres très vilaines dames et très vilains messieurs qui ont contribué à l’élaboration de ce pharaonique merdier. Une réalité plus incroyable que n’importe quelle fiction, et qui permet au petit émigré hongrois de payer sa dette au grand pays qui l’a accueilli et qui ne cessera de le fasciner.
Joe Eszterhas, American rhapsody (traduit de l’américain par Bernard Cohen), Le Livre de poche, 692 pages, 8,70 €
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