Alison & the Twins : Muse au poing

Quand Muse propose l’album Showbiz en 1999, les Britanniques, menés par Matthew Bellamy, proposent un ersatz du travail de Radiohead, idoles d’une génération qu’ils copient éhontément, dans la déconstruction de leurs morceaux, avec un goût du crescendo et de la mélodie puissante qui deviendra leur marque de fabrique.
Par la suite, Radiohead, explorera à tout jamais les versants sombres de l’expérimental quand Muse se fera grand agitateur de stades enflammés par une musique tristement pompier.
Aussi, c’est invariablement Muse qui trouvent un écho plus facile chez les jeunes musiciens de notre époque ; les petits gars du Devon sont effectivement plus adaptables et plus accessibles que les transcendances weirdo et inssaissables de Thom Yorke qui éveillent moins les désirs de rébellion de lycéens encore formatés au format single.

© 2018 Mehdi Benkler. Tous droits réservés.

Il est aussi ironique de découvrir l’EP du trio suisse, Alison & the Twins, qui a tout du copycat de ces grands copieurs de Muse. On ne les blâmera pas, car comme pour Muse et Showbiz, ces acharnés du riff et de la batterie dure se font démonstrateurs d’un talent travaillé qu’il sublime pour sonner plus pro que leurs maîtres.
Les cinq morceaux de l’EP éponyme, impeccablement produits dans leur cohérence, sont enflés de contractions et d’explosions. La voix de Loïk, guitariste armé de son instrument vocal qu’il aime pousser très loin, et de sa fidèle guitare, ne semble pas avoir de limite quand il s’agit d’établir un crescendo à la... Radiohead des nineties, et surtout quand il s’agit d’atteindre les élans excessifs de Bellamy. La musique pétaradante tend vers l’apothéose et sombre dans les vertiges de changements de rythmes brutaux, mais toujours légitimés par de beaux revirements mélodiques.

© 2018 Mehdi Benkler. Tous droits réservés.

Le trio âgé de 23 à 30 ans, deux Suisses (outre la voix et la guitare de Loïk, il faut compter sur le batteur, Evan, à l’origine du projet) et un Allemand bassiste (Julian, issu des Pigeons on the Gate), réalise un sans faute, avec cinq morceaux qui alternent accroches explosives et chutes languissantes, dans l’incessante déstructuration d’un projet éclaté. La sincérité de leurs sons qui vibrent, agressent, tambourinent, foudroient leurs mélodies, est celle bien connue de Queen, de Led Zep, dont on retrouve une filliation évidente.
En bref, le groupe explose les oreilles et racole les désirs, celui d’un album qui devrait suivre.
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