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Le 20 juillet 2006


Un court récit et quelques poèmes en l’honneur de la liberté des mœurs. À l’usage d’un public averti, épris de littérature classique.
Un court récit et quelques poèmes en l’honneur de la liberté des mœurs. À l’usage d’un public averti, épris de littérature classique.
Dans la tradition des libertins érudits, Antonio Rocco, prêtre obscure et enseignant en philosophie au XVIIe siècle, imagine le dialogue chargé d’insidieux sophismes entre Philotime (Socrate) et Alcibiade (le ganymède le plus célèbre de la Grèce antique). Une littérature érotique servie par une écriture raffinée, sensuelle et magistralement imagée. Le tout saupoudré de références mythologiques prônant des valeurs choisies du paganisme. Du vrai libertinage philosophique, dans une Italie alors nantie de penseurs diabolisés ou même qualifiés d’impies, mais qui seront ultérieurement reconnus comme des ouvriers de la modernité ou défenseurs de la pensée libre en Europe.
Dans Alcibiade enfant à l’école, Antonio Rocco glorifie l’amour que l’on trouve chez les garçons. La misogynie, la haine du préjugé banal et la jouissance comme fin unique s’y jettent des fleurs aux fragrances dérangeantes.
Alcibiade est à l’âge où les garçons ont le faciès androgyne, or son esprit est assez vif pour le préserver de l’inconstance du maître ; du moins une période. Leur désir prend de si douloureuses proportions qu’on ne saurait préciser qui est le martyre ou le bourreau. A travers cet éloge aux puissances antiques de la Grèce, de la Perse et de l’Inde, l’homosexualité est examinée comme un lien empoisonné entre le maître et son disciple.
L’auteur emploie alors une ironie maligne aux fins de dénoncer les paradoxes philosophiques défendus par les apologétiques et l’imposture politique des religions. L’introduction annonce avec une même ironie une écriture de la dissimulation : une plume qui ne distribue pas d’invitation aux lecteurs hermétiques à quelques"remises en cause de la vérité, des savoirs autorisés et de la légitimité des pouvoirs établis".
Ce premier volume d’Alcibiade se distingue par la claire intention de déniaiser dont l’a doté son auteur. Il nous renvoie au contenu des ouvrages traditionnels de la littérature libertine du XVIIe siècle dont il nous offre un digne panorama.
Ceux qui, dans Le dictionnaire philosophique de Voltaire, n’auraient pas saisi le sens d’"amour socratique", disposeront ici des éclaircissements les plus complets. Ce livre conviendra parfaitement aux lecteurs du Marquis de Sade, De l’Abbé Du Prat (Vénus dans le cloître) et disciples d’Epicure. Dans un style faisant montre d’"une érudition aboutie", pour reprendre la préface, qui ne peut guère devenir désuet, une page essentielle de la littérature libertine a été écrite puis préservée de l’oubli. Elle demeurera comme un anneau passé au doigt de la volupté.
Antonio Rocco, Alcibiade enfant à l’école, Ginkgo, 2006, 124 pages, 4,90 €