Le 7 septembre 2019


- Scénariste : Cosey>
- Dessinateur : Cosey
- Genre : Aventure
- Editeur : Le Lombard
Pas de Jonathan, mais un album magique qui résiste au temps.
Neuf albums de Jonathan et puis, soudainement, en 1984, A la recherche de Peter Pan. Deux volumes et un grand saut dans l’œuvre de Cosey. Plus de Tibet, ni de Jonathan, ni d’époque contemporaine. Mais la Suisse des années 1930 et un héros anglais, Sir Melvin, écrivain à succès venu pondre son nouveau roman dans les Alpes valaisannes. Dans sa valise, le Peter Pan de James Matthew Barrie. Celui-là même qui avait écrit : "Certaines allées sont droites : ce sont celles que l’on a faites ; d’autres sont tortueuses : ce sont celles qui se sont faites d’elles-mêmes. Et ces dernières sont de beaucoup les plus agréables, parce que vous ne savez jamais à l’avance où elles vous conduiront."
Sir Melvin préfère les secondes. D’ailleurs, ce n’est pas seulement pour écrire qu’il est venu dans ce petit village du Valais. Mais pour retrouver la trace de son frère Dragan, pianiste qui avait quitté Londres pour le continent et qui, jusqu’à sa mort accidentelle, envoyait de l’argent à ses parents pour financer les études de son cadet. Ce sont ces chemins sauvages qui vont permettre à Melvin de rapiécer le passé. Et de croiser la route de Baptistin, faux-monnayeur recherché par la police, ami de Farinet, et celle de sa fille Evolena. Alors que le village se videra par peur du réveil du glacier, tous trois resteront jusqu’au dernier moment, avant de s’en aller vers des ailleurs lumineux.
De Peter Pan, il y a les rêves d’enfant. Le monde des adultes et ses bassesses. L’aiguille qui trotte. Evolena la fée clochette. De Pan tout court, il y a ce morceau composé par Dragan, qui retentit dans le Grand hôtel désert. De Cosey, cette histoire magique aux personnages attachants (quel talent à leur donner de l’épaisseur en quelques dessins à peine !), au réalisme fascinant, aux décors somptueux - montagnes qui prêtent leurs arrêtes pour mieux ciseler la construction de ces albums. De Cosey encore, ces planches qui comportent souvent de grands espaces vierges, ces vignettes qui s’incrustent les unes dans les autres, ce souci permanent de l’harmonie des plans et des couleurs : la richesse graphique d’A la recherche de Peter Pan donne à voir les pistes qui mèneront l’auteur, des années plus tard, à l’audacieux Zeke raconte des histoires.
Des scènes de ski au fracas du glacier, de la féérie musicale de Dragan au réalisme du village valaisan, de la beauté d’Evolena au courage de Baptistin, cette libre inspiration du roman de Barrie est portée par une fraîcheur, par un souffle qui résiste au temps. Comme les Alpes. Comme Peter Pan.