Le 25 septembre 2017
Et c’est nous qui en profitons.
- Date de sortie : 22 septembre 2017
- Plus d'informations : Le projet en téléchargement légal
Notre avis : On avait quitté Népal il y a 445 nuits à l’occasion de son EP 444 Nuits, ensemble de réflexions désarticulées produites par un gars insomniaque et désabusé victime d’un ennui profond. Porte-étendard de la 75e Session avec notamment Sopico et Sheldon, le MC anonyme (nous) replonge dans ses pensées plurielles et personnelles pour une extension aux deux pilules de son précédent projet solo, sorte de combinaison du rouge et du bleu pour un 8 morceaux plus confus dans son propos. L’univers bien particulier du rappeur de l’ombre se fragilise ici par des textes toujours plus brouillons, autant dans leur structure que dans leur signification obscure, où ne se détache plus autant cette impression d’écouter les confessions d’un type blasé par tout et coincé dans une faille temporelle de glandeur. Népal passe trop de temps sur des futilités et nous perd, même pour un habitué de la 75e Session, adepte d’un langage particulier pour ne pas dire parfois abscons (respect au gars de Genius qui voudra balancer les lyrics avec les annotations, y a du boulot là). Si sa technique fait de cette nouvelle nuit un voyage dans ses songes envoûtant, on n’en profite principalement qu’au niveau sensoriel, ce qui sous-exploite clairement le talent du rappeur pour convier un fond et une forme homogène, passionnant à suivre et à comprendre.
Bien entendu le principal attrait de Népal (et plus généralement de la 75ème) a toujours résidé avant toute autre chose dans sa capacité à emmener son auditeur dans une autre atmosphère, et cela grâce à une patte désormais bien identifiable et conduite notamment par le talent de beatmaker de Sheldon ou de Diabi. Népal, lui, n’est pas en reste lorsqu’il officie en tant que KLM, producteur ultra-talentueux ayant notamment bossé sur Humanoïde de Nekfeu. Sa double casquette, qu’il soit à l’œuvre ou non sur les instrus sur lesquelles il pose, se ressent dans l’osmose qu’il appose sur son univers planant et mélodique. Ainsi, passé une entrée en matière, Niveau 1, étonnamment lourde et un second morceau persévérant dans cette même voie, 445e Nuit vire de bord pour retrouver le Népal ensorcelant de son précédent EP. Sûrement la raison pour laquelle le rappeur case en troisième position de son tracklist un interlude (curieux choix à première vue), ce projet est à nouveau à scinder en deux parties distinctes (après la pilule bleue et la pilule rouge de 444 Nuits) cette fois-ci totalement déséquilibrées en terme de durée. On ira pas s’en plaindre pour autant, le MC maîtrise bien mieux son sujet une fois l’arrivée de Deadpornstars, en featuring avec l’autre moitié de son groupe 2 Fingz, délire sale parfaitement assumé (surtout du côté de Doum’s) et produit avec brio par KLM lui-même (à l’œuvre sur tous les morceaux sauf Niveau 1).
Peu enclin à enjailler les corps malgré la qualité massive de l’instrumentale sur Niveau 1 (le missile Overdab restera indétrônable en la matière), ce nouvel EP vaut ainsi essentiellement pour ses sonorités enivrantes, plus variées et chantantes que sur 444 Nuits. En déjouant les pièges de l’abus d’effets musicaux, Népal reste sur une production globalement décisive et omniprésente (des morceaux comme Insomnie et Kodak White proposent cependant une forme plus épurée à ce niveau) mais adjuvante à l’ambiance, donc pertinente. Énorme travail au service de volontés atmosphériques bien précises, voilà ce qui fait trop fréquemment défaut aux productions rap modernes en versant dans une surenchère factice et antipathique. Ces écueils là, le rappeur du Dojo les esquive habilement, usant de la multitude des possibilités qui lui sont offertes pour fournir l’âme et la chair de sa musique formellement riche, si bien qu’il se hisse, avec ses deux projets nocturnes, comme l’un des artistes hip-hop les plus intéressants à suivre actuellement, malgré d’évidentes imperfections.
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KOST 29 septembre 2021
445e Nuit : Népal n’arrive toujours pas à dormir
Analyse peut convaincante, prenant appui sur une façon mainstream de consommer la musique. Idée étant a l’inverse de l’artiste et des oeuvres qui le caractérise. Je pense que la grande partie philosophique que Népal amène avec une sorte d’abstrait qui laisse libre a une interprétation personnel malgré un partie pris de certains dogme. Néanmoins mon opinion prend en compte toute sa discographie.