1974

Pour trouver pareille longévité et pareille constance sur la planète pop, il faut déjà sacrément chercher. En une vingtaine d’albums, les trois Nits (augmentés aujourd’hui de Titia Van Krieken) ont en effet fait plusieurs fois le tour de la planète pop, ciselant disque après disque de petites chansons parfaites aux beautés kaléidoscopiques, révélant à chaque écoute de nouvelles facettes. Evidemment, le fait que Henk Hofstede, chanteur et Nits en chef, soit plasticien de formation n’est pas étranger à l’approche esthétique et quasi pointilliste du groupe face à sa musique. Pour façonner une chanson, les Nits vont isoler quelques sons, quelques instruments qu’ils vont à peine effleurer. Hofstede viendra y poser quelques mots simples, judicieusement choisis, qu’il puisera souvent dans la langue anglaise, mais qu’il empruntera également au hollandais, à l’allemand ou au français. Cette perpétuelle déclaration d’amour au Vieux Continent est d’ailleurs au centre des histoires de Hofstede, qui tient un véritable carnet de voyages album après album. Ici, on rencontre avec délice l’Expresso girl de Berne, on découvre Athènes sous la pluie (Athens) et on traverse le Palace of mirrors de Lucerne (Aquarium).

Artistes uniques et profondément attachants, les Nits n’ont pourtant pas encore rencontré le succès public qu’ils mériteraient. Ils conservent une image de groupe arty et propret qui vole pourtant en éclat lors de leurs fantastiques concerts. Alors, si certains les assimilent parfois cyniquement à des "Radiohead pour adultes", gageons que 1974 sera un peu leur OK Computer à eux...