S’en fout la mort
Le 22 octobre 2003
Tout en évitant l’expérimentation, Travis emprunte, avec 12 memories, les chemins tortueux de la pop.
- Artiste : Travis
L'a écouté
Veut l'écouter
Moins évident que ses trois prédécesseurs, 12 memories retiendra les fans les plus accros, les autres étant déjà partis écouter Coldplay.
1999 : Travis signe l’hymne d’un festival de Glastonbury copieusement arrosé : Why does it always rain on me rend le groupe incontournable en cette fin de siècle-là. Deux ans plus tard, le tube Sing - utilisé pour la campagne promo d’une radio très grand public - convertit la France à la cause des quatre de Glasgow, avec la même image qu’en Angleterre : Fran Heavis et sa bande en humbles pourvoyeurs d’une pop/folk mélancolique et on ne peut plus consensuelle. On ne se plaindra guère si 12 Memories échappe à ce créneau. Hormis sur l’épique Re-Offender, on trouve bien peu de ces refrains efficaces dont les radios raffolent tant.
12 memories = 12 souvenirs que voudrait laisser Travis avant de disparaître ? Il faut dire que l’histoire du groupe a failli s’achever un jour d’été 2002, quand le batteur Neil Primrose fait une chute malheureuse dans une piscine et reste quelques temps suspendu entre la vie et la mort. Gravissime, l’accident ouvre les yeux de Fran Heavis, pour qui le temps des numéros de charme commerciaux est fini. D’où les climats plus sombres de 12 memories, de la valse sinistre Paperclips au cauchemar spectorien Peace the fuck out, diatribe anti-guerre qui, à la manière du Fearless de Pink Floyd, trente ans plus tôt, se conclut par le chant des supporters du Celtic de Glasgow.
Remplaçant à la console un Nigel Goldrich qui était pour beaucoup dans les comparaisons Radiohead-Travis, Steve Orchard et Tchad Blake ont laissé une délicate orchestration fleurir au milieu d’un climat brut, quasi menaçant. Les clarinettes, les guitares ou glockenspiels peuvent jouer leurs jolies mélodies, les Beatles percer régulièrement dans les influences, rien n’y fait : 12 memories est malade des nerfs, et le prologue Quicksand annonce la couleur.
C’est une évidence, 12 memories n’est pas le Kid A de Travis. Pas expérimentateurs pour un sou, les Ecossais sont restés fidèles à un certain classicisme, type sixties finissantes. Restent les plus aventureuses mélodies d’une carrière de bientôt quinze ans : pas mal pour un groupe qu’on craignait de voir s’enfoncer dans une élégante banalité.
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.