Des millénaires d’aventures pour conter les origines d’une des plus belles inventions de l’homme : le zéro.

C’est l’histoire d’Aemer. Ou plutôt leurs histoires. Cinq jeunes femmes portant le même prénom, de l’Antiquité moyen-orientale à la seconde guerre du Golfe. Une digne prêtresse de l’amour, une prostituée éprise de liberté, une diseuse de bonne aventure au lourd passé, une voleuse pleine de charme et de caractère, et une archéologue aventurière. Cinq femmes très différentes, mais partageant un prénom, et des caractères entiers et indépendants. Cinq destins qui nous entraînent dans une prodigieuse aventure s’étendant sur des millénaires : l’invention du zéro.
L’auteur du génial Théorème du perroquet nous livre ici un nouvel opus de ses merveilleuses aventures mathématiques, où la littérature est au service de la vulgarisation scientifique. C’est une réussite, mais également là que le bât blesse. Car, si le message passe admirablement, s’il est indéniable que le lecteur le plus allergique aux mathématiques se mettra sans doute à les aimer en égrenant les chapitres de ce bel ouvrage, la narration est malheureusement sacrifiée au propos. La plupart des histoires sont une succession de coups de théâtre et de coïncidences invraisemblables qui s’enchaînent à un rythme effréné, laissant au lecteur le sentiment de se retrouver face à une de ses premières lectures d’enfant, où tout se résout comme par magie à la fin du dernier chapitre.
Il est vraiment dommage que Denis Guedj n’ait pas essayé ou souhaité creuser un peu plus ses tranches de vie, car cette superficialité, au bout de trois cents pages, finit par lasser. On regarde les personnages évoluer d’un œil complètement extérieur, vaguement curieux et plein d’espoir de trouver enfin une conclusion digne du propos. En vain. Les caractères bien trempés des fougueuses Aemer auraient pourtant mérité mieux. Une réussite partielle, donc.