Promenons-nous dans les bois...
Le 8 décembre 2009
La première réalisation d’Hippolyte Girardot, associé à Nobuhiro Suwa, offre un regard sensible sur l’enfance. Prometteur.
- Réalisateurs : Suwa Nobuhiro - Hippolyte Girardot
- Acteurs : Hippolyte Girardot, Marilyne Canto, Noë Sampy, Arielle Moutel , Tsuyu Shimizu
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Date de sortie : 9 décembre 2009
- Festival : Festival de Cannes 2009
– Durée : 1h32mn
La première réalisation d’Hippolyte Girardot, associé pour l’occasion à Nobuhiro Suwa, offre un regard sensible sur l’enfance à travers les préoccupations intimes et douloureuses d’une fillette confrontée au divorce de ses parents. Malgré quelques divagations métaphoriques, ce long-métrage en suggère d’autres prometteurs. A suivre.
L’argument : Quand Yuki, une petite franco-japonaise de 9 ans, apprend que ses parents se séparent, elle comprend qu’elle devra suivre sa mère, au Japon.
Outre la séparation d’avec son père, cet exil l’obligera à quitter Nina, sa seule amie.
Ensemble, elles vont tenter d’empêcher cette séparation et son départ catastrophique.
Finalement, une fugue dans la forêt leur semble la seule issue...
Notre avis : Yuki et Nina est une histoire de séparations : le divorce des parents de Yuki, l’éloignement de celle-ci d’avec sa meilleure amie, Nina, ainsi que le déménagement de la mère et de la fille au Japon, quittant la France et le père. L’enfant, au cœur des tourments, n’accepte pas cette situation de troubles et de transition. La fuite lui apparait bien vite comme la seule issue possible pour préserver sa liberté et se réfugie dans la forêt. Lieux fantasmagoriques et d’errance, les bois font entrer la jeune Yuki dans une autre réalité, alternative au quotidien, loin des préoccupations d’adultes qu’elle n’appréhende pas.
- © Ad Vitam
Dans cette course contre le temps qu’effectue la fillette à travers les arbres, la caméra est tenue à distance et la suit telle une ombre quasi-fantomatique. Yuki s’enfonce de plus en plus et devient progressivement une autre puisqu’elle s’imagine évoluer dans un monde dont elle ne discerne pas vraiment elle-même les contours. Durant ce périple, la petite fille évolue, grandit, comprend, accepte. Elle a besoin de ce passage à vide pour intégrer ce changement radical de vie ; la forêt incarne alors le basculement d’une réalité à une autre. On constate un réel contraste entre la vie qu’elle a quittée, en plein été et cet univers alternatif aux intempéries fréquentes, incarnations des humeurs changeantes de la fillette. Mais la séquence s’étire et les intentions des cinéastes se délitent : à trop forcer sur le symbolisme, on en perd le fil directeur du récit. Celui-ci continue au-delà de l’arrivée de Yuki et de sa mère au Japon. Bien que les vues des paysages soient tout à fait appréciables de par leur photographie soignée, créant une relation directe entre la forêt et le lieu présent (tout ceci pourrait-il n’être qu’un rêve ?), la question de l’intérêt de continuer le métrage se pose. Cette nouvelle vie inconnue, source des angoisses, ne devrait-elle pas rester un mystère ? Le fait est qu’un nouveau film semble s’ouvrir alors que les pérégrinations de l’enfant constituent en soient le cœur de l’intérêt de Yuki et Nina.
- © Ad Vitam
Le long métrage d’Hippolyte Girardot et Nobuhiro Suwa met donc en scène l’enfance. Les scènes où les fillettes jouent, construisent des cabanes, rient comme n’importe quels enfants de huit ans, sont les plus touchantes : on accède là à la vérité de Yuki. Séparée de sa meilleure amie, elle perd une part de son enfance et de sa naïveté. Dans cet esprit, la forêt constitue une jolie métaphore puisque ce lieu, emblématique du conte, récit populaire de la littérature (pour partie) enfantine, conduit la petite fille à se dépasser pour la première fois de sa vie. Elle ne trouve pas d’ogre ou de sorcière sur les sentiers, et elle ne dépose pas de miettes de pain sur sa route, mais au bout de celle-ci, elle n’est plus la petite fille tout à fait innocente qu’elle était. C’est elle qui réconfortera son père au retour.
- © Ad Vitam
Yuki et Nina est une œuvre dont la réussite repose en grande partie sur la qualité d’interprétation de la jeune Noë Sampy, au joli visage expressif. Ne paraissant pas s’être forcée, son naturel est impressionnant pour une enfant d’à peine dix ans. Les cinéastes Hippolyte Girardot et Nobuhiro Suwa offrent une première réalisation commune touchante dans son approche sensible de l’enfance. Leur choix de mise en scène n’est pas encore très affirmé mais leur point de vue est, lui, entier et parfaitement défendu. Au vu de ce long-métrage, on ne peut qu’attendre le second avec curiosité.
- © Ad Vitam
Galerie Photos
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roger w 26 avril 2010
Yuki et Nina - La critique
Film très inégal, Yuki et Nina bénéficie d’une première partie fraîche avant de s’enfoncer dans une déambulation pseudo métaphysique plutôt convaincante sur le plan esthétique, mais vaine et ennuyeuse. Un essai à suivre.