Sirène de jouvence
Le 29 avril 2005
Le son inimitable du quatuor de Manchester fait oublier les années, et le frisson reste intact.


- Artiste : New Order

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Comme l’a fait The Cure il y a quelques mois, le quatuor de Manchester rappelle à son tour que les années ne comptent pas lorsque l’on a inventé un son : le frisson reste intact, et ce malgré l’impression de déjà entendu.
Voilà quelques années et une poignée d’albums maintenant que New Order se réfugie derrière une image savamment travaillée, des pochettes parfaitement énigmatiques de Peter Saville aux clips mettant invariablement en scène des ados beaux et innocents comme la rosée. De cette esthétique protectrice, certains ne garderont forcément que l’explication la plus facile : le groupe vieillit, les visages grossissent et les silhouettes s’affaissent. Certes. Mais il est également un élément non négligeable qui sous-tend cette envie de se cacher derrière une image : la musique du groupe, elle, semble avoir trouvé la crème anti-rides miracle, et mérite donc d’être présentée au public sous ses meilleurs atours, le fond en adéquation avec la forme, pour avoir une chance de se frayer une place sur un marché pop/rock hyper saturé.
Waiting for the siren’s call n’est pas un album parfait, loin s’en faut. A l’échelle de l’univers, il se situerait même à des années-lumière des meilleurs du groupe (Low life, Technique, par exemple). Mais, dès les premières secondes de Who’s Joe ?, il a le don de raviver en nous les souvenirs intacts de ces disques, et ce grâce à trois éléments qui semblent inaltérables dans le temps : ces guitares au son si précieux, la basse "gravité zéro" de Peter Hook, et la voix toujours adolescente de Bernard Sumner. Trois éléments qui, alliés à une facilité déconcertante pour écrire de petits bijoux pop, donnent les merveilles jumelles Waiting for the siren’s call et Krafty (on les jurerait sorties du même moule), le fougueux Working overtime ou le joliment retors Who’s Joe ?. Ailleurs, lorsque les beats faciles prennent un peu trop de place, on pense plutôt au mauvais Electronic, cette collaboration bâtarde entre Bernard Sumner et Johnny Marr (The Smiths) qui a prouvé une fois pour toutes aux mathématiciens du rock que deux + pouvaient tout à fait faire un -.
Si besoin en était, le disque montre par ailleurs que même en matière de pop music, talent et nombre d’années font une équation bien plus compliquée qu’il n’y paraît, et que parfois, un bon vieux comeback vaut son pesant de nouveaux venus.
Waiting for the siren’s call, New Order (London/Warner)
Tracklisting :
1 Who’s Joe ?
2 Hey now what you doing
3 Waiting for the siren’s call
4 Krafty
5 I told you so
6 Morning night and day
7 Dracula’s castle
8 Jetstream
9 Guilt is a useless emotion
10 Turn
11 Working overtime