Volem rien foutre al païs

Une réflexion poussée et percutante sur les déserteurs et exclus du travail.

L’argument : Georges Pompidou nous l’avait bien dit, le libéralisme allait rimer avec une guerre économique peu regardante de notre condition de vie. Aujourd’hui, face à la sempiternelle montée du chômage et à la décroissance de l’économie, certains se battent, d’autres - de plus en plus nombreux - n’ont pas d’autre choix que de déserter la société de consommation et de réinventer leur vie.

Notre avis : Détrompez-vous, le nouveau documentaire de Pierre Carles, Christophe Coello et Stéphane Goxe [1] ne se réclame en aucun cas d’un éloge de la paresse ou d’une dénonciation à tout va d’un système ultra-libéral et capitaliste. Certains propos, comme ceux de Georges Pompidou annonçant en 1967 la couleur d’un libéralisme dangereux pour l’économie française et ses concitoyens, ou la mise en montre d’un abattage et sciage de cochons dans une usine - métaphore subliminale d’un marché du travail sans pitié -, ont certes de quoi glacer le sang. A l’opposé, d’autres séquences nous immergent dans des espaces de vie communautaire à la campagne ou en ville, et le cumul de débats soft pour une vie meilleure autonome et solidaire autour d’une table au soleil ou d’un salon ambiance beatniks revival, peuvent prêter à sourire.
Mais derrière cette pagaille apparente qui fait se succéder gens de tous horizons, rmistes de longue date par choix ou résignés, membres du mouvement catalan Dinero gratis [2], des adeptes d’une vie collective ou semi-collective basée sur la récupération et transformation de matériaux et d’objets de tous les jours à des fins écologiques, et le spropos de ministres de fer, se dégage bien plus qu’une dénonciation politique vaine, véhémente ou utopique. A savoir, une énergie bien réelle et utile d’une marche vers la réappropriation vitale de soi-mêmes et la refonte réfléchie d’une société en perte de repères et de droits. Loin de tomber dans le piège facile de la colère exacérbée, du pathos larmoyant ou du rêve irréalisable, Volem rien foutre al païs parvient à susciter l’intérêt du spectateur et à le mettre en garde de manière originale et finalement assez objective.