Crash
Le 10 septembre 2014
Greengrass revient sur les attentats du 11 septembre et signe un précipité intense, mû par l’urgence.
- Réalisateur : Paul Greengrass
- Acteurs : Lewis Alsamari, Trish Gates, Cheyenne Jackson, Peter Hermann, Christian Clemenson, David Alan Basche, Leigh Zimmerman
- Genre : Drame, Historique
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Mars Distribution
- Durée : 1h45mn
- Date télé : 2 mars 2024 21:00
- Chaîne : OCS Pulp
- Titre original : United 93
- Date de sortie : 12 juillet 2006
- Festival : Festival de Cannes 2006
Résumé : 11 septembre 2001. Sur les quatre avions détournés, un seul n’atteint pas sa cible. Le film retrace en temps réel les quatre-vingt-dix minutes qui se sont écoulées entre le moment où l’appareil est détourné et celui où il s’écrase.
Critique : Pourquoi un tel film ? N’a-t-on déjà pas tout dit sur le sujet ? Qu’est-ce que le support cinématographique peut apporter de plus ? Pas mal d’interrogations se cognent dans le ciboulot avant d’entrer dans la salle. À l’arrivée, cata ? Non : on en sort tétanisés, justement parce que le cinéaste n’a pas cherché à jouer au petit malin avec son sujet et, corrélat, le spectateur : son objet à fonction cathartique est mû par l’urgence et se dirige vers une issue irréversible. Laissons de côté l’aspect charité business cannois (la présence des familles des passagers des avions sur le tapis rouge soulève la controverse) et intéressons-nous au film qui est plus intéressant que sa polémique. Dénué de chantage à l’émotion, d’héroïsme pompier ou de dramatisation outrancière, Vol 93 scrute la peur qui se lit dans les regards et les visages, fait monter la pression avant la tragédie et en filigrane autopsie la fragilité d’un pays qui s’est toujours cru robuste. Sans se fourvoyer dans le symbolisme, Paul Greengrass s’intéresse au vol du quatrième avion détourné dans lequel les passagers étaient au courant des attentats du World Trade Center. Et filme les scènes brutes sans envolées lyriques ni flash-back.
La grande réussite réside dans le fait qu’il ne s’attache pas à un personnage précis mais à un groupe d’anonymes pris dans le même tumulte et la même rage de s’en sortir. Avant le passage à l’acte d’une violence inouïe, Greengrass enregistre des flottements, des inquiétudes intérieures, multiplie les contrepoints. Certains pourront trouver sa démarche indécente. Pourtant, au final, elle apparaît moins opportuniste que viscérale : elle retranscrit les événements au plus juste en s’appuyant sur des témoignages des familles et sans chercher à justifier quoi que ce soit. Ici, il est juste question de lutte pour la survie où des quidams n’ont pas cherché à sauver un pays par esprit patriotique mais juste leur peau. Les derniers coups de fil qu’ils donnent à leur famille prennent une dimension poignante. On sait tout de l’histoire avant d’entrer dans la salle et on n’apprend rien de nouveau (le film mise davantage sur l’émotion que la réflexion). Mais la dernière demi-heure, plus éprouvante que n’importe quel film d’horreur, pourvu du même vérisme vertigineux que Bloody Sunday avec le mélange d’une mise en scène survoltée et la bande-son mélancolique, est tétanisante. Avec World Trade Center (qui sort en septembre prochain), Oliver Stone va avoir fort à faire.
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puremorning 6 août 2006
Vol 93 - Paul Greengrass - critique
staircase - Le 11 septembre vu des centres d’aiguillage et de sécurité aériens américains et du vol 93, seul avion ayant raté sa cible lors de la vague d’attentats de ce mardi noir. Une reconstitution minutieuse, glaciale, qui fait froid dans le dos. Film puzzle où chaque pièce constitue le tableau de la tragédie, la machine s’emballe quand un avion dévie de sa trajectoire sans explication. Tout d’abord lente, détaillée, d’une précision chirurgicale (prières, tour d’horizon dans le centre d’aiguillage, inspection de routine de l’avion avant décollage), l’intrigue va crescendo jusqu’au tragique - et héroïque - épilogue. Le constat, terrible, d’une énorme machine incapable de réagir face à l’imprévu (l’imprévisible ?), d’une hiérarchie en panne de responsables, d’hommes livrés à eux-mêmes est contrebalancé par la réaction d’orgueil d’une poignée, prévenue par téléphone de la situation, qui vont spontanément essayer de prendre le contrôle de l’appareil détourné et qui à défaut de se sauver, vont sauver d’autres vies humaines. De la grandeur d’âme d’individus en butte à une situation extrême à la paralysie d’un système bureaucratique et irresponsable, l’Homme est décrit tel qu’en lui-même, dans son horreur (les terroristes), dans son absurdité (les rigidités hiérarchiques) et dans son héroïsme (la réaction des passagers). Et si c’était ça, la définition d’un film réussi ?
martien72 10 août 2006
Vol 93 - Paul Greengrass - critique
Avant le film d’Oliver Stone, Paul Greengrass revient sur les évènements qui ont bouleversés le monde en 2001, en se concentrant principalement sur ce vol détourné mais qui n’a jamais atteint l’objectif souhaitée par les terroristes. Rien ne sert de préciser que le sujet est délicat, et il faut dire que le film est plutôt réussi. Ce film est-il une fascination pour le glauque ou le morbide ? Depuis ce fameux jours de septembre où j’ai vu les tours s’effondrer en continu à la télévision, j’évite de trop regarder les infos lui préférant la radio. Alors que le tout Hollywood avait préciser assez rapidement qu’il n’utiliserait jamais cette tragique tragédie, voilà que quelques producteurs se livrent à une surenchère en nous livrant deux films (celui de Greengrass et celui de Stone en Aout) sur le sujet à peine cinq ans après. Ce déballage peut être considéré comme osé, voir malsain, mais on sent la nécessité d’y aller. L’autre question que l’on peut se demander, c’est quel est l’objectif des producteurs ? Le grand-spectacle est à bannir rapidement dès les premières minutes du film, tout comme le patriotisme américain, car le film est particulièrement sobre de ce point de vue. Le réalisateur semble avoir trouvé le ton juste pour nous maintenir dans la tension et éviter les fautes de goûts, il ne tente pas de nous faire un portrait des victimes ni des terroristes d’ailleurs, il se contente de reconstituer des faits sans malhonnêteté. Et la comparaison avec la réalité ne se fait pas, car le sujet est trop grave et on ne doute à aucun moment de ce que le réalisateur nous montre.
Nous sommes ici à mille lieu du reportage de la télévision et de son caractère sensationnel. Non. Il s’agit simplement de relater les faits avec des scènes en plein cœur de l’appareil, et dans les différents lieux de contrôle, tout cela film avec une caméra qui bouge tout le temps afin de mieux capter l’urgence
Cela dit, j’avoue avoir trouvé le résultat flamboyant en matière d’action. La moralité ne semble pas aussi affecté, sachant que le scénario a été validé par toutes les familles des victimes. Enfin, j’ai trouvé le film fort et bouleversant. En ne mettant pas en cause que ce n’est pas le coté voyeur qui a rendu le film intéressant. Sinon, c’est un malaise qui m’aurait envahit. Ce ne fût pas le cas, donc le film a remplit son rôle.