Le 10 février 2021
Assez balisé mais solide, La Mission propose un joli moment, mais s’oubliera vite à n’en pas douter.
- Réalisateur : Paul Greengrass
- Acteurs : Tom Hanks, Helena Zengel
- Genre : Drame, Aventures, Action
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Netflix
- Durée : 1h59
- VOD : Netflix
- Titre original : News of the World
- Date de sortie : 10 février 2021
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Après une guerre de Sécession qui l’a marqué autant qu’elle a marqué son pays, le Capitaine Kidd (Tom Hanks) s’est reconverti. Dorénavant, il lit les nouvelles de village en village, écumant ainsi le sud des Etats-Unis. Un jour, il fait la rencontre de Johanna (Helena Zengel), une jeune fille totalement perdue. Désormais, il lui faut la ramener à la seule famille qui lui reste, même si cela implique de traverser tout le sud du pays, ce qui promet un périple dangereux. Cela pourrait même être l’occasion de renouer avec un passé depuis longtemps enfoui, mais jamais oublié.
Critique : Depuis 2013, Paul Greengrass n’avait plus tourné avec Tom Hanks et la réussite qu’était Capitaine Phillips, thriller haletant au large de la Corne de l’Afrique, qui montre ce dernier aux prises avec des pirates modernes. Décidément, Hanks adore jouer les gradés pour Greengrass, car c’est désormais le capitaine Kidd qui a les honneurs d’être interprété par l’un des plus grands acteurs hollywoodiens de ces dernières décennies.
Notre premier réflexe est toutefois de nous demander si c’est bien le réalisateur qui le dirige. En effet, et c’est une grande déception, difficile de retrouver le style si efficace qui caractérise le metteur en scène. On appréciait, à travers La Mort dans la peau, La Vengeance dans la peau, ou encore Capitaine Phillips, sa nervosité débordante, ses caméras à l’épaule quasi documentaires. Sa faculté à faire ressentir l’urgence absolue d’une situation, aussi. Tout cela est absent, au profit d’une mise en scène qu’on pourrait qualifier de plus feutrée, mais surtout plus neutre. Mettons au défi quiconque ne connaissant pas l’identité du metteur en scène de retrouver son nom au visionnage de La Mission. Le jeu risque de durer longtemps.
Photo Credit : Bruce W. Talamon/Universal Pictures/Netflix
Car le sentiment qui se dégage de ce film, au-delà de son titre affreusement traduit dans notre langue et éviscéré de son sens premier, est celui d’une production solide, mais très balisée. Nombreux sont les passages obligés, et les poncifs qu’on imagine à la lecture du synopsis se concrétisent. Le vieil homme solitaire qui voit poindre une fibre paternelle, la communication difficile avec une jeune fille qui ne parle pas la langue, mais qui, ô surprise, finira par le comprendre, etc. A tel point que par instant, on se prend à penser que oui, on a déjà vu ce film, et pas qu’une fois.
Les antagonistes n’aident pas en ce sens, car ils souffrent d’interprétations assez caricaturales, et sont animés par des motivations tout sauf originales. Face à eux, Tom Hanks s’en sort comme le film qu’il porte : solide, mais pas très marquant, alors que sa camarade Helena Zengel tire honorablement son épingle du jeu.
Plastiquement, la donne est similaire. L’atmosphère visuelle du long métrage n’a rien de très personnel, mais offre quelques fulgurances, avec en point d’orgue, comme prévu, quelques décors majestueux. Néanmoins, il est aussi traversé de quelques choix douteux, notamment des effets numériques aussi inélégants que dispensables, qui affaiblissent sa crédibilité.
Photo Credit : Bruce W. Talamon/Universal Pictures/Netflix
S’il demeure relativement prévisible sans pour autant être cousu de fil blanc, La Mission transmet un message charmant, mais convenu, sur la place que tiennent les histoires dans nos vies. Car s’il a bien une qualité, c’est de joliment retranscrire le pouvoir de fascination que détient l’accès à l’information et à ces histoires. Le film rappelle aussi, consciemment ou non, le danger que peut représenter le fait de proposer celles-ci sous forme de récits, en montrant à quel point leur attrait en est grandi, et même exagéré. C’est ce que maîtrise à merveille le capitaine Kidd, qui extasie les foules autant qu’il les amuse.
Le film gagne définitivement notre sympathie le temps d’une scène finale qui a de quoi arracher le sourire de l’audience. Et laisser une impression de satisfaction, comme de déjà-vu.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.