Le 5 juillet 2020
Dans ce roman plein d’humanité, Laurence Tellier-Loniewski redonne un nom, un visage et un sourire aux silhouettes composant les foules de migrants qui envahissent nos écrans. En adoptant le point de vue d’une jeune Française, elle porte un message fort de tolérance et d’unité.


- Auteur : Laurence Tellier-Loniewski
- Collection : Blanche
- Editeur : Gallimard
- Nationalité : Française
- Date de sortie : 5 mars 2020
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur

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Résumé : Vingt et un jours pour remplir un dossier : voilà qui devrait être aisé. Et pourtant... Trois petites semaines pour arracher la vérité à un demandeur d’asile afghan, traumatisé par son passé et par ses blessures, camouflées sous un sourire éclatant, c’est excessivement court. Ehsan se protège en se cachant, Emeline et Lara, la stagiaire et sa directrice de stage, tente de le protéger en l’exposant. La vérité n’a que vingt et un jours pour éclater...
Critique : Afghans et Soudanais vivent sous le même toit, dans ce centre d’accueil de la région parisienne. À leurs côtés, professeurs de français bénévoles, assistants sociaux, Lara, ancienne avocate, et Émeline, sa stagiaire. Ceux qui ont leurs soucis quotidiens et banals et ceux qui cherchent à obtenir l’asile, à déposer une demande auprès de l’Opfra si besoin. Pour composer ce dossier primordial et le remettre à l’organisme qui décidera de leur avenir, ils n’ont que vingt et un jours, ne l’oublions pas. Le cas qui intéresse Lara et Émeline à l’ouverture du roman, c’est celui d’Ehsan, jeune Afghan qui a fui sa patrie et vécu dans la rue pendant plusieurs mois. Pour jouer les traducteurs, les deux femmes ont fait appel à Jawad, Pachtoune cynique et secret. Le quatuor se retrouvera presque chaque jour durant les trois semaines qu’ils ont devant eux pour parfaire le dossier d’Ehsan et lui offrir toutes les chances de voir sa demande d’asile aboutir. En parallèle, l’auteure révèle des bribes de la vie de la stagiaire, les soirées avec ses amis, la vie avec sa mère et leurs querelles incessantes, les discussions avec les parents de sa belle-mère, racistes et mal informés. Ce stage, choisi un peu par défaut, est en réalité une véritable chance pour Émeline. L’occasion de découvrir ce qui se cache derrière le terme « migrant », au final si peu révélateur de l’humanité de ces hommes et de ces femmes qui ont tout quitté, risquant leur vie pour se sauver.
Laurence Tellier-Loniewski, ancienne avocate à l’image de Lara, leur donne une identité, un nom, un visage, les fait sourire, leur crée une histoire. Elle rappelle qu’ils sont comme nous, qu’ils ont simplement eu la malchance de naître dans un pays moins sûr et libre que la France. Les relations humaines sont donc au cœur de Vingt et un jours, mêlant les vies de Lara, femme sèche et sévère qui dissimule bien des failles, et d’Émeline, étudiante complexée et pleine de doutes, d’Ehsan, Hazara souriant, et de Jawad, Pachtoune gouailleur. Les duos se composent puis éclatent, se reforment différemment, avant que l’unité ne redevienne reine entre ces quatre protagonistes.
Si certaines phrases sont parfois maladroites ou peu claires, quelques passages témoignent de l’habileté poétique de l’auteure à décrire la nature, tandis que l’œuvre dans son ensemble est d’une sensibilité rare et d’une humanité remarquable. Riche de détails sur un pays que l’on connaît trop peu et que l’on réduit aux images de violence vues aux informations, ce roman au message puissant fourmille également d’émotions, amenées avec beaucoup de finesse et sans aucun stéréotype.
Laurence Tellier-Loniewski - Vingt-et-un jours
Gallimard
256 pages
140 x 205 mm