Le 10 décembre 2021
Viens ! est une romance qui mêle le regret, le désir et des retrouvailles amoureuses. Ce livre n’est en rien conforme aux autres récits de ce genre.
- Genre : Roman & fiction, Roman, Fiction
- Nationalité : Française
- Titre original : Viens !
- Date de sortie : 15 janvier 2021
- Plus d'informations : Site de l’éditeur
Résumé : {Viens !} raconte l’histoire d’amour de deux adolescents, Michèle et Julien, qui se sont rencontrés dans les années 70 dans le sud de la France. De la première rencontre qui a donné naissance aux sentiments jusqu’à une séparation brutale, puis à leurs retrouvailles dix huit années plus tard qui fera renaître leur passion de l’époque. Par la suite et par l’intermédiaire d’un roman qu’il a écrit, Julien, décide de partir à la reconquête de sa bien aimée...
Critique : Comme beaucoup d’autres écrivains tels que Béranger ou Proust, l’artiste a cherché ici à conserver une grande liberté sur sa production littéraire. Le résultat diffère de ce que la majorité des lecteurs attend d’un roman classique. C’est normal, l’auteur lui-même a prévu d’emporter le lecture dans une espèce de spirale amoureuse où l’on passe un bon moment en compagnie des deux personnages principaux, les amants de Viens !, Julien et Michèle.
Le texte retrace la romance éperdue de deux adolescents qui se sont rencontrés au cours des années 70, dans le sud de la France. Michèle et Julien tombent amoureux très rapidement, surtout Julien, le narrateur principal de cette longue épopée. Par l’intermédiaire d’un journal très intime, le personnage masculin se mêle à l’auteur. Tout semble tellement vrai que le destinataire du propos peut ne pas avoir l’impression de lire une fiction. La musique mène la danse dans ce texte, qu’il s’agisse d’une musique sans paroles ou bien une mélodie des mots, car la poésie est sans cesse référencée. Au fil des pages, le lecteur ou la lectrice assiste à l’évolution lente, voire à la stagnation du duo, alors que Michèle semble se ranger du côté de ses parents, qui n’apprécient pas tant Julien, un adolescent cédant à ses pulsions bestiales, tout en ayant conscience que ce ne sont pas de brillantes idées. Finalement, c’est une histoire très vraie que l’on pourra découvrir, celle de milliers d’autres couples qui se sont construits par la naïveté et l’innocence de l’âge. Le récit semble dresser le constat que personne ne grandit vraiment, puisque les deux protagonistes se séparent et seront amenées à se retrouver, bien des années plus tard ! Dix-huit ans, précisément. Ce n’est pas un élément « surprise » du roman, puisqu’on peut le lire sur la quatrième de couverture.
La petite étincelle qui fait que cette fiction existe, puisqu’on ne parvient pas à distinguer l’irréel du tangible, c’est le moment où Julien aperçoit Michèle, lors d’un concert de jazz, alors qu’il est de retour sur ses terres d’origine, là où il fricotait avec la demoiselle, alors qu’ils étaient jeunes. Le but de Julien sera de reconquérir Michèle, même si elle est mariée et stable.
En réalité, la lecture de ce journal, qui effectue des voyages fréquents entre l’époque actuelle et les années 70, permet de comprendre à quel point Julien est désespéré et amoureux de sa « pimbêche ». Les petites piques qu’il lui lance ? C’est pour éviter de s’embrasser. En tout cas, c’est comme ça qu’il faut l’interpréter.
La décennie qui sert d’environnement est parfaitement retranscrite, au détail près. Le lecteur est transporté par les nombreuses références cinématographiques, musicales et culturelles, que l’on retrouve au gré des jours. A cette décade s’ajoute toute la panoplie de l’adolescence en bataille, qui cherche à s’émanciper de sa famille pour connaître la vraie liberté. En fait, ce roman d’amour est aussi un texte « rock », épuré de son aspect drogue et alcool. La seule addiction que l’on remarquera dans ce récit, c’est l’amour qui unit Julien à Michèle.
Aux habitués de la littérature classique, on conseillera d’aborder l’ouvrage sous un angle moderne et alternatif. Cette œuvre est le fruit d’un féru de lecture et de poésie, un amoureux des mots, un passionné. Une fois que l’on a intégré cette information, les maladresses potentielles du roman sembleront attendrissantes. Par exemple, la légèreté des dialogues sera bien mieux acceptée, d’autant qu’on ne parvient pas à distinguer clairement la voix « narrative », celle qui raconte, à la manière d’un conteur, les faits évoqués, et les propos oraux, que l’on découvre lors des dialogues entre les personnages. Ces paroles seront d’ailleurs très appréciées par les lecteurs et lectrices qui recherchent des élans de lyrisme.
Pourquoi lire un texte qui cherche à nous transporter, si c’est pour se contenter de répliques sans engouement ? C’est là que Serge Marignan surprend : par ces échanges, il fait écho aux clichés de l’amour en suivant les codes du genre. Un cliché n’est pas forcément mauvais, surtout s’il est assumé. Viens ! est un texte de cette eau, exhibé comme un hymne à l’amour. On se laisse happer par les envolées sentimentales et les déclarations enflammées.
Dans cette histoire traditionnelle, qui a sûrement été le fantasme de milliers de personnes (retrouver son amour d’enfance), on discerne la volonté de dépoussiérer quelques classiques en version 2.0. Ainsi, dans le texte, on parle de Roméo et Juliette ! Cette tragédie aux élans comiques prend quelques dimensions semblables au théâtre classique, notamment avec des mises en scène et des jeux de dissimulation « à l’italienne », qui n’ont d’autre but que d’attendrir les cœurs.
Un autre point fort du récit ne pourra être remis en cause, même par ceux qui n’ont pas aimé la lecture, c’est l’engouement puissant de l’auteur, mis au service d’une écriture spontanée et joyeuse. Privilégiant une multitude de points d’exclamation et une ponctuation vivante, typique de la Méditerranée et de ses artistes, ce livre laisse entrevoir des rayons de soleil authentiques. Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’écrivain nostalgique des années 70 parvient à faire ressentir à quel point il a aimé cette jeunesse dont il a un peu honte, à travers Julien qui est très probablement son alter ego littéraire. De nombreux grands auteurs ont utilisé ce procédé et le font, sans jamais se l’avouer : on insuffle toujours un peu de soi, quand on écrit… Cela s’accorde avec le genre de la romance et de ce que cherchent de nombreux lecteurs et lectrices à travers ce type de texte. Les retombées de ce tourbillon où tout s’enchaîne vite, trop vite, n’en sont que plus spectaculaires.
Même si la forme est très originale, et donc appréciée, on a besoin d’un temps d’adaptation relatif et d’un recul sur les informations que nous ingérons. Il s’agit de l’histoire d’amour (et comme toutes les histoires d’amour, celle-ci est compliquée) de deux adolescents, la première romance de leurs vies. Tous les deux se séparent, se retrouvent, se séparent, se retrouvent… Et dans cette valse, l’auteur a voulu créer un genre de collage, comme une suite de photos prises à différents stades de sa vie.
Viens ! offre un moment de lecture innocent, sans arrière-pensée, qui ne fait pas de mal. Encore une fois et sans chercher à révéler la fin du roman, on en ressort un peu frustré par la façon dont l’auteur a décidé de clore son récit. On éprouve une sensation d’inachevé, qui doit correspondre à ce que ressentent les personnages décrits. Grâce à une expression et une écriture marquée par l’amour, l’on découvrira sans filtre la passion qui unit Julien à Michèle. Tous les autres intervenants qui sont cités dans le livre ne sont que des ombres de passage. Seuls Julien et Michèle demeurent dans la mémoire. Qu’est-ce que pense vraiment l’auteur au moment où il couche ses mots sur papier ? On se le demande bien. Est-ce là une volonté de prouver que le passé nous possède et nous dicte nos actions ? Qu’on ne peut jamais réellement se détacher de cet enfant, de cet adolescent qu’on a été ? Si c’est le cas, Viens ! n’est une histoire aussi légère et simple, comme le résumé pourrait le laisser entendre. C’est bien plus que cela. D’une certaine façon, l’ouvrage apparaît comme le symbole de toutes ces personnes qui ont constitué la génération des soixante-huitards et n’ont pas pu passer l’éponge. « C’était mieux avant », répètent-ils tous !
Grâce à Viens !, on entre dans la tête d’un homme nostalgique (narrateur et auteur ?) qui ne regarde pas en avant, car tout ce qui l’anime se situe derrière lui. Le regret et les remords le composent entièrement. Difficile de rester de marbre, face à cette passion qui le guide et le pousse même à faire des bêtises, le maintenant dans le mensonge. C’est ce qu’il fait, en cachant sa véritable identité à Michèle, alors qu’il la contacte sur un réseau social. La lecture prend trois sens, trois tonalités qui ne se ressemblent pas et se complètent. Ce roman faussement épistolaire est une histoire d’amour regrettée, avec un écho particulier pour ceux qui, comme Julien, pensent encore à leur amour de jeunesse. Afin de donner du « coffre » à ces émotions fortes, le texte est parsemé de citations intelligemment sélectionnées, qui s’harmonisent parfaitement avec les propos du narrateur et ce que cherche à construire l’écrivain, au cours de cette aventure. Le lectorat applaudira sans doute l’effort de l’auteur, se risquant à tant d’intimités. L’intention nous change assurément d’autres livres du genre bien plus aseptisés.
200 pages - 17,60€ (broché) 7,99€ (ePub) - Romance - Serge Marignan
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criss 15 novembre 2022
Viens ! - Serge Marignan - critique du livre
Romance sans mièvrerie.L’écriture est fluide,les évocations poétiques,musicales et littéraires nombreuses et
bienvenues .Je fus séduite !
Patricia P. 2 septembre 2023
Viens ! - Serge Marignan - critique du livre
J ai acheté ce bouquin 2euros au marché de Dunkerque place du général DeGaule. Je l ai ouvert dans le train qui m emmenait à Paris soit 2h30 de lecture. On est en droit de s affliger une telle punition. Imprécisions, maladresses, broutilles, accrocs fatiguent le lecteur. Le charme particulier vient de la simplicité, on en est loin. Bref une niaiserie que j ai délaissée dans le train sur le rebord de la fenêtre.