Le 13 juin 2017
Belle découverte pour ceux qui ne connaissent pas Youssef Swatt’s, Vers l’Infini et au Delà révèle néanmoins quelques maladresses déjà perceptibles depuis le deuxième EP du rappeur belge.
- Date de sortie : 16 juin 2017
L'a écouté
Veut l'écouter
Notre avis : Il aura fallu attendre 3 années depuis son EP L’Amorce pour voir le prodige précoce Youssef Swatt’s sortir son premier gros projet construit, chargé de le révéler à un plus grand nombre. En cela, Vers l’Infini et au Delà constitue une très bonne présentation du rap du jeune belge, puisqu’il renferme toutes les thématiques qui lui sont chères et ses tics d’écriture. Mieux, en s’associant le temps de quelques morceaux avec des artistes francophones du rap indépendant, il grave son style au côté de celui d’autres MC’s, en particulier celui de Demi Portion dont il partage la même douceur et naïveté. Seulement, Youssef Swatt’s a, et l’erreur est fréquente pour un premier album, la fâcheuse manie de trop vouloir en faire dans l’émotion empêchant son projet de toucher l’auditeur d’une manière similaire à celle de son homologue Sètois. Mieux produit et plus varié que L’Amorce, Vers l’Infini et au Delà n’égale malgré cela jamais l’émotion contenu dans chaque morceau du premier EP simplement parce que le rappeur de Tournai verse trop souvent dans la surenchère. Par son flow trop larmoyant et une production parfois envahissante dans sa manière de densifier certains morceaux, Swatt’s crée l’exact opposé de ses volontés initiales, en témoigne Moha, récit d’un enfant africain en proie à la misère raconté d’une voix outrancièrement mielleuse. Le problème parcourait déjà par petites touches son second EP Petit Youssef, mais ici il se décuple pour contaminer une trop grande majorité de l’album.
- Copyright : Alexinho Mougeolle
Bien entendu, cette sévérité s’avère être le revers de la médaille d’importantes attentes vis-à-vis d’un talent tel que Youssef Swatt’s, dont le jeune âge et la passion pour le rap expliquent les erreurs commises pour cet album, victime d’une envie de trop en faire. Malgré des variances dans le flow (plus ou moins réussies par ailleurs) et une production très moderne, une impression de répétitivité marque quelques textes, surtout, encore une fois, au regard des deux premiers EP’s. En tant que découverte les paroles de l’artiste apportent un vent de fraîcheur optimiste et apaisant autant que dénonciateur mais le danger du sur-place touche déjà ce premier album solo, et lorsque Youssef tente de nouveaux exercices comme Moha, le résultat se révèle en demi-teinte. Heureusement, les featurings avec L’Hexaler, La Trilogique (groupe comptant Swatt’s, P-Pito et Beni Luzio) et LaCraps forment un bon enchaînement de morceaux où chaque artiste vient apposer sa patte, en particulier le troisième. Avec Cauchemar Eveillé, l’un des meilleurs morceaux, LaCraps vient dynamiter de son flow et de son écriture incisive un son qui par la même occasion retentit bien plus fortement dans l’esprit de l’auditeur par la retenue dans la voix de Youssef Swatt’s.
- Copyright : Alexinho Mougeolle
Plus adepte de l’écriture que du rap en lui-même (de son propre aveu), le MC de Tournai maîtrise davantage pour son premier album le fond que la forme. Passé les recherches imparfaites liées au flow, le texte, lui, à la base de tout l’univers de Swatt’s, confirme avec force son talent juvénile (même si l’évolution entre 2015 et 2017 n’est pas flagrante) si bien qu’un décalage qualitatif intervient parfois entre les paroles et la manière de les mettre en musique. On imagine alors Lettre d’Amour plus pertinente en tant que lettre tant Youssef semble se casser les dents à la rapper au détriment de la beauté de cette déclaration à la musique. Malheureusement trop peu des 15 morceaux présents sur Vers l’Infini et au Delà réunissent les deux aspects à l’unisson, et ce sur toute la durée de la piste. Avec ce projet plus long et supposé plus abouti que ses précédents EP’s, le rappeur belge expose ses quelques faiblesses, assez diluées pour ne pas impacter invariablement cet album mais trop omniprésentes pour en faire abstraction. Cet essai étant le premier à cette échelle, on ne peut qu’en espérer d’autres dans les années à suivre, venant d’une très belle plume humaniste, qui détient tout le potentiel pour nous toucher avec son rap du cœur, ce que Youssef Swatt’s recherche avant tout.
Galerie photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.