Brut de province flamande
Le 15 septembre 2010
Plongée naturaliste dans la province flamande des années 70.
- Réalisateur : Guido Henderickx
- Acteurs : Jan Decleir, Malka Ribowska, Yves Beneyton
- Genre : Drame
- Nationalité : Belge
- Editeur vidéo : Malavida
- Plus d'informations : http://www.cinematek.be/index.php?node=30&dvd_id=22&category=1
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– Durée : 1h22mn
Plongée naturaliste dans la province flamande des années 70.
L’argument : Pont Brûlé est le premier long métrage de Guido Henderickx. Cet ancien du collectif anversois Fugitive Cinema a séjourné pendant deux mois au Pont Brûlé en compagnie de son co-scénariste Marcel van Maele afin de s’imprégner de l’atmosphère des lieux. Le drame, qui s’inscrit dans une durée de 24 heures, se noue lorsqu’une diseuse de bonne aventure, Lola, et son ami Louis débarquent pour la kermesse annuelle au Pont Brûlé. Sept ans plus tôt, Louis a eu une relation avec Monique, la femme de Charel, le patron du café. Dès l’arrivée des forains, on sent qu’il y a de l’électricité dans l’air.
Notre avis : Verbrande Brug est une petite ville située à proximité de Bruxelles. Mais en y installant l’intrigue de son premier film, tourné au printemps de 1975, Guido Henderickx semble nous plonger dans la province flamande la plus reculée, là où la désespérante monotonie du quotidien n’est interrompue que par la kermesse annuelle.
La photo de Walther van den Ende fait ressortir la grisaille et la laideur parfois criarde de ce décor dont émane pourtant une espèce de beauté triste.
Ce choix esthétique, celui d’un naturalisme brut se voulait en rupture avec l’esthétisme léché des grands succès du cinéma flamand d’alors tels que Mira de Fons Rademakers ou De Loteling - Le conscrit de Roland Verhavert. Ces films (par ailleurs remarquables) étaient généralement des adaptations littéraires en costume à la facture soignée dont les aspérités étaient émoussées par le souci du joli relevé par une pointe d’érotisme inoffensif bien dans l’air du temps.
A cela Pont Brûlé - Verbrande Brug oppose un naturalisme cru souligné par une vulgarité omniprésente dans les dialogues. Les scènes d’ouverture et de clôture, presque pénibles à regarder (un réveil difficile le samedi matin et le morne petit déjeuner du dimanche), poussent assez loin cette démarche.
Des acteurs du crû, célébrités du théâtre anversois rompus à la comédie populaire tels que Charles Janssens, Rita Corita ou Co Flower, donnent aux rôles secondaire un relief et une authenticité bienvenues et la description de l’ambiance des bars, des bals et de la foire sont empreints d’une mélancolie teintée de grotesque qui ne manque pas de charme.
L’intrigue principale reste cependant bien convenue. Le doublage de l’actrice allemande Doris Arden (par Monique Delvaux) empêche le long monologue de Monique, lorsqu’elle invective son ex-amant caché dans les toilettes d’un bar sans obtenir de réponse, de produire tout son effet et les personnages des forains (joués par Malka Ribowska et Yves Beneyton) restent bien théoriques et peu crédibles. Quand aux scènes de bagarres, elles sont dignes d’un film d’action de série Z.
La performance de Jan Decleir dans le rôle principal est impressionnante mais sent quand même un peu trop le numéro de composition.
L’influence du cinéma américain des années 70 est évidente (et affichée) : Rafelson (Five easy pieces), Huston (Fat city), et bien sur Cassavetes : les déambulation nocturnes de la bande de quadragénaires proches du coma éthylique rappelant inévitablement Husbands.
— - Le DVD
Une remarquable édition DVD dans la collection Kroniek van de vlaamse film du Koninklijk Filmarchiev, distribuée en France par Malavida.
Les suppléments
Comme dans tous les DVDs de cette série, un documentaire (2004) d’excellente facture et riche en matériel de première main permet de replacer le film dans son contexte et de mesurer réellement sa portée. Un court métrage d’anticipation politique de 1977 et des bandes annonces complètent le programme.
Image
Une remarquable restauration permet de pleinement apprécier le travail de la photo, et de nous plonger dans une grisaille relevée de couleurs très années 70 (orange, rouge vif...). Le report est de bonne qualité et la définition irréprochable.
Son
Le travail du son est moins approfondi que celui de l’image mais un dolby digital 2.0 tout à fait correct nous met dans l’ambiance.
Galerie Photos
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