Vénus et Fleur

Drôle, simple, touchante, une fable à la Rohmer, naïve et subversive.

L’argument : Fleur, une jeune Parisienne timide, rencontre à Marseille Vénus, une jeune Russe extravagante et perdue. Elles n’ont rien en commun. Si ce n’est leur envie de rencontrer le garçon idéal...

Notre avis : Après deux fictions anodines dans lesquelles il passait son temps à se reluquer dans son bel objectif (Promène-toi donc tout nu ! et Laissons Lucie faire), Emmanuel Mouret revient à notre grande surprise avec un film simple, drôle et touchant qui certes n’est pas exempt de ce sur-moi rohmérien coutumier chez l’artiste (au départ, les dialogues sonnent faux et désaccordés) mais qui petit à petit instille un charme discret, séduisant (on s’habitude assez vite au rythme nonchalant et aux dialogues très écrits) et emporte l’adhésion.
Ces histoires d’amours adolescentes où deux demoiselles traînent leur ennui existentiel et attendent le grand amour fonctionne sur un mode minimaliste (sobriété, intensité) pour parler de choses universelles telles que la peur de se lancer dans une relation, l’angoisse d’avouer à l’autre ses sentiments... S’appuyant sur les personnalités complémentaires et contrastées de ses deux protagonistes féminins (l’impétueuse qui dévore la vie à pleines dents et la réservée gauche qui n’ose pas avouer ce qu’elle ressent), Mouret tire le meilleur de ses actrices et enregistre sur bobine quelques beaux moments de vérité. En pleine période de cynisme et de trashitude, le recours à la fable naïve (nom des personnages, simplicité des situations...) a par ailleurs quelque chose de subversif et de rafraîchissant.