Un peu trop fidèle à lui-même
Le 11 décembre 2019
Quoiqu’il n’évoque plus directement sa foi en Dieu, Terrence Malick ne trompe personne : c’est bien de cela qu’il est question à travers le récit de ce résistant autrichien. Sa morale bondieusarde perd toutefois beaucoup de son souffle dans cette allégorie peu subtile.
- Réalisateur : Terrence Malick
- Acteurs : Bruno Ganz, August Diehl, Johan Leysen, Maria Simon, Valerie Pachner
- Genre : Drame
- Nationalité : Allemand
- Distributeur : UGC Distribution
- Durée : 2h53mn
- Titre original : Radegund
- Date de sortie : 13 décembre 2019
- Festival : Festival de Cannes 2019
Résumé : Franz Jägerstätter, paysan autrichien, refuse de se battre aux côtés des nazis. Reconnu coupable de trahison par le régime hitlérien, il est passible de la peine capitale. Mais porté par sa foi inébranlable et son amour pour sa femme, Fani, et ses enfants, Franz reste un homme libre.
Critique : Depuis The Tree of Life, il y a déjà huit ans, les détracteurs de Malick lui reprochent d’avoir sacrifié sa narration au profit d’un lyrisme insondable. Sans doute sont-ce des reproches que le réalisateur a pris en compte, puisque son nouveau long métrage retrouve une certaine linéarité dans sa construction. Le récit de Franz Jägerstätter est en effet l’occasion pour le cinéaste d’en revenir à une construction simple. Elle fera plaisir à ceux qui ne réussissaient plus à se retrouver dans ses dernières réalisations, de plus en plus inextricables. Mais cette Vie Cachée n’en reste pas moins le fruit d’un sermon bien-pensant, exactement au même titre que certains de ses films les plus contestés.
L’intention de Malick, qui était de nous démontrer que la volonté de l’Homme à défendre ses idéaux pouvait être mise à rude épreuve et même pouvait nous mener jusqu’à une mort annoncée au grand dam de nos proches - tout en demeurant néanmoins une source de fierté -, est une morale digne du prêche d’un ecclésiastique peu inspiré. Pire encore : cette homélie pompeuse aurait pu trouver un support un tantinet plus subtil que le contexte historique le plus porteur de manichéisme primaire qu’est la Seconde Guerre mondiale. Oui, les pauvres Autrichiens (qui parlent anglais) sont opprimés par les méchants Allemands (qui, eux, parlent allemand, évidemment). Ça, on le savait tous. Et alors, qu’est-ce que Malick nous apprend concrètement dans la lecture de cette Histoire ? Dès le début, on se fait peu d’espoir quant aux chances de ce Franz de faire plier le régime nazi, ni même d’ailleurs de lui survivre ; donc les atermoiements et les pleurs, étirés pendant près de trois heures, n’apportent rien de fondamental.
Les interprétations pleines d’intensité d’August Diehl et Valerie Pachner, dans le rôle de sa femme éplorée, sont bel et bien la source de toute l’intensité émotionnelle du long métrage, à défaut d’un scénario suffisamment solide pour tenir la durée. La mise en scène, propre à Malick, qui consiste à multiplier les grands angles afin de sublimer les plans larges, au risque de déformer les visages filmés en plans plus serrés, reste la même, telle qu’on la connaît depuis de nombreuses années. Là encore, le réalisateur a mis un peu d’eau dans son vin par rapport à ses derniers films, puisqu’il a depuis changé de chef opérateur et que celui-ci semble un peu moins amateur des grands angles rapprochés. Néanmoins, l’apport reste minime et Malick continue à faire ce qu’il fait depuis longtemps, avec un usage de musiques classiques conforme à ce dont on le sait capable. Cette Vie Cachée n’apporte donc pas grand-chose, ni sur le fond ni sur la forme. Peut-être uniquement un sentiment que, à trop avoir voulu faire consensus, Malick y a perdu de son souffle, et donc que sa radicalité si décriée était finalement plutôt bénéfique.
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Alban 16 décembre 2019
Une vie cachée - la critique contre
Qu’on aime ou pas le cinéma de Malick, parler de bondieuseries à 1 étoile / 5 est au mieux une faute de goût mais plus probablement le résultat d’une cécité volontaire liée à un anticléricalisme passéiste et pavlovien...
Ce film est bouleversant, tant dans son fond que dans sa forme, posant sur de nouvelles bases la tension intrinsèque à chacun des grands films de Malick (the thin red line, the new world, the tree of life : Force, puissance, modernité contre douceur, paix, nature et liberté).
nani 18 décembre 2019
Une vie cachée - la critique contre
a propos des commentaires :
la fin des phrases n’est pas lisible car les infos de la colonne de droite débordent à gauche sur le texte , qqsoit le navigateur .
merci de remédier ) cet inconvénient