Le 15 juillet 2020
Sorti en 1959 sous le titre de The Sea Change, Une Saison à Hydra paraît à nouveau cette année, dans une édition poche dont il serait dommage de se priver.
Résumé : Alors que sa secrétaire vient de faire une tentative de suicide, Emmanuel Joyce, dramaturge à succès, doit absolument lui trouver une remplaçante afin de partir le plus rapidement à New-York monter sa nouvelle pièce. C’est lors d’un dîner mondain que son épouse, Liliane Joyce, fera la rencontre de la jeune Sarah et lui proposera de devenir leur secrétaire. L’arrivée de Sarah marquera le point de départ d’une nouvelle vie pour le couple Joyce et Jimmy Sulivan leur assistant, et tous les quatre partiront passer quelques semaines à Hydra, île qui deviendra le théâtre de leur vie.
Critique : Si à la lecture de la quatrième de couverture, on pourrait craindre une énième histoire d’amour entre un homme mûr, charismatique, et une jeune femme de quarante ans sa cadette, un peu naïve, en vérité, il n’en est rien.
Dans Une saison à Hydra, Elizabeth Jane Howard déjoue ce qu’on pourrait attendre de son roman, pour creuser un peu plus la psychologie des personnages, en leur ajoutant beaucoup de profondeur. Pour ce faire, elle alterne les points de vue, mettant à l’honneur un individu différent par chapitre. Ainsi, un même épisode pourra être raconté plusieurs fois, mais toujours avec un angle différent. De plus, l’auteure fait le choix de laisser totalement la parole à ses protagonistes, en proposant une narration interne, ce qui plonge davantage le lecteur dans la psyché de chacun, permet un surcroît de projection.
Or, dans ce roman, l’identification est primordiale pour comprendre au mieux les personnages et s’attacher à eux. Pourtant, écrire une histoire à quatre voix aurait pu être une opération hasardeuse et certaines créatures fictionnelles auraient pu avoir l’ascendant sur d’autres. Mais ce n’est pas le cas. Plus le récit avance et plus les héros prennent vie sous nos yeux, l’histoire atteignant son climax à Hydra.
Si l’île est à ce point central dans le texte, c’est qu’il s’agit du lieu où tout va se jouer, comme sur une scène de théâtre. Là-bas, les masques vont tomber et les protagonistes, qui jouaient tous un rôle, vont petit à petit l’abandonner pour se montrer sous leur vrai jour. La jeune Sarah va d’ailleurs l’expérimenter à ses dépens, devant changer son prénom pour devenir Alberta, avant d’être Clemency, l’héroïne de la pièce qu’Emmanuel Joyce doit monter à New-York. Ce dernier n’aura de cesse, également, que d’endosser plusieurs statuts, celui de mari, d’amoureux transit, mais aussi de père par substitution.
Quoiqu’il soit sorti il y a plus de soixante ans, ce roman demeure d’une réelle modernité, tant les sujets qu’il soulève nous touchent encore aujourd’hui. Une saison à Hydra fait en effet partie de ces textes qu’on commence et qu’on a du mal à interrompre. Une fois qu’il l’a terminé, le lecteur demeure avec un sentiment de solitude et de nostalgie.
Une saison à Hydra - Elizabeth Jane Howard
Editions la Table Ronde
Collection Petite Vermillon
Réédition en poche.
8€90
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