Le 26 août 2017
L’un des meilleurs Fields, satire burlesque réjouissante.
- Réalisateur : Norman Z. McLeod
- Acteurs : W.C. Fields, Kathleen Howard, Jean Rouverol
- Genre : Comédie, Noir et blanc
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h13mn
- Titre original : It's a Gift
- Date de sortie : 26 février 1935
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Résumé : Un commerçant achète par correspondance une plantation d’orangers et transporte sa famille vers la Californie.
Notre avis : Norman Z. McLeod avait réalisé deux films avec les Marx Brothers quand il s’est lancé dans une autre exploitation de burlesque, cette fois W.C. Fields, pour le remake d’un muet. Réputé le plus drôle de sa carrière, Une riche affaire repose sur un scénario des plus minces qui n’est que prétexte à accumulation de séquences dans lesquelles le plus misanthrope des comiques donne libre cours à sa verve débridée. Mais ce qui marque le plus en revoyant ce film, c’est la lenteur de son rythme : les scènes sont étirées en de nombreuses variations et répétitions, auxquelles il faut ajouter la science du retardement qui dilate de minuscules péripéties. S’il est rare que le spectateur contemporain s’esclaffe, il est difficile de ne pas sourire devant les mines ahuries de Fields ou les catastrophes qui s’accumulent sur son dos.
Le comédien s’était créé un personnage malhabile, ennemi des enfants et des chiens, et à la diction embrouillée par l’alcool. Politiquement incorrect donc, il affronte ici son propre fils, garnement insupportable, et le fils de la voisine, qui se verra expédié à travers la boutique ou barbouillé de mélasse. Mais au fond le monde de Fields est foncièrement hostile ; les objets les plus divers s’opposent à lui : que ce soit un miroir, un lit suspendu, une chaise longue ou une simple boîte de conserve, ils ne remplissent jamais leur usage prévu et se révoltent avec constance. Mais surtout, ils se liguent avec les humains pour rendre l’univers inhospitalier, empêchant le comédien de dormir ou de se raser, le pire étant bien sûr l’épouse acariâtre qui ne cesse de le contredire. Pour Fields, l’enfer, c’est définitivement les autres, de l’aveugle qui casse tout dans l’épicerie au démarcheur opiniâtre. Les activités les plus banales deviennent alors un parcours du combattant, d’où la longueur des séquences qui épuisent les possibilités de ruiner une situation : ainsi dans la scène du rasage, le personnage est-il victime autant de l’égoïsme de sa fille que d’un miroir récalcitrant, jusqu’à ce qu’il atteigne une position ridicule dont sa femme pourra se moquer. Circularité des gens et des objets, qui se relaient pour le maltraiter.
Avec son humour décalé, Fields s’attaque aux fondements de la société américaine : le mariage, la famille et le mercantilisme se transforment avec lui en obstacles à l’épanouissement individuel. Dans ce cadre, les dernières images imposent une morale étrange, selon laquelle, pour être tranquille, mieux vaut être riche et seul. D’ailleurs, le seul moment de tendresse de l’épouse est celui où elle découvre qu’il est riche. Autant dire qu’avec son air de ne pas y toucher, Fields démolit consciencieusement, dans un acte féroce, tout ce que Hollywood célèbre dans la majorité des films produits : geste subversif et, malgré le rire, sombrement misanthropique.
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