Le 21 décembre 2017
Un délire savoureux, sans temps mort, ponctué de morceaux étourdissants et virtuoses.


- Réalisateur : Norman Z. McLeod
- Acteurs : Les Marx Brothers, Rockliffe Fellowes, Harry Woods, Thelma Todd, Ruth Hall
- Genre : Comédie, Noir et blanc
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : ESC Éditions
- Durée : 1h17mn
- Titre original : Monkey Business
- Date de sortie : 16 octobre 1931

L'a vu
Veut le voir
– Ce film est compris dans le coffret ESC consacré aux Marx Brothers : sortie le 5 décembre 2017
Résumé : Quatre passagers sont confortablement installés au fond de la cale d’un paquebot qui fait route vers New York. Non seulement, ils sont des passagers clandestins, mais en plus ils chantent en quatuor. C’en est trop pour le capitaine qui décide de les mettre aux fers. S’ensuit une folle course-poursuite où nos quatre lascars provoquent et vivent les situations les plus loufoques.
Notre avis : Les Marx ne sont jamais meilleurs que dans un lieu clos, et ici, que ce soit le paquebot, la demeure de réception ou la grange, la caméra n’est quasiment jamais à l’extérieur, ce qui leur permet d’envahir l’espace et de le parcourir en tout sens en malmenant au passage à peu près tout ce qui bouge. Monnaie de singe est d’autant plus réussi que les intrigues secondaires qui parasitent parfois la verve des frères sont presque inexistantes, et qu’il n’y a pas de tourtereaux mièvres pour ralentir le rythme. Alors, entre courses-poursuites dignes de cartoons et dialogues loufoques, c’est un festival de non-sens qui faiblit rarement, pour laisser Harpo jouer de la harpe et Chico du piano. Encore sont-ce là des moments amusants, comme quand le premier accompagne une diva.
On retient de ce métrage des séquences fortes : le passage de la douane avec imitations de Maurice Chevalier en est une des plus réussies. Mais c’est dès le début que la mécanique s’enclenche, avant même leur apparition à l’écran : il suffit qu’on parle d’eux pour que le délire démarre et contamine l’équipage du navire. Le capitaine devient fou et ne sait plus ce qu’il voit : la marionnette est-elle un humain ? C’est que la réalité se transforme sous leurs coups redoutables, et plus rien n’est sérieux ; lorsque ce pauvre Zeppo se bat pour sauver sa belle, les trois frères, au lieu de l’aider, commentent de manière absurde le « match ». Preuve supplémentaire que le génie des Marx tient à ce qu’à partir de situations convenues ils déconstruisent avec minutie chaque élément pour ne laisser subsister que des ruines narratives.
Au passage évidemment, ils s’attaquent à la haute société et leur délectation à courser les femmes ou à défaire les gens importants se renouvelle continuellement : il suffit d’un placard, d’une grenouille ou d’un transat pour que la folie s’accomplisse. Mais au fond, à l’image des passagers clandestins qu’ils incarnent au début, ils sont décalés, inadaptés au monde ; sauf que c’est le monde qui doit s’adapter à eux. Anarchistes peut-être, déments sans doute, ils mettent à mal tout ce qui semble se rattacher à l’esprit de sérieux qui gouverne la société et, à ce titre, ils sont sans doute plus nécessaires que jamais.