Une Nouvelle Année - la critique du film

Copyright : Norte Distribution

Notre avis : En adaptant au cinéma le roman d’Alexandre Volodine « Ne vous séparez pas de ceux que vous aimez », la réalisatrice russe Oxana Bychkova, dont c’est le cinquième long-métrage, jette un regard rose et noir sur l’histoire d’amour de deux jeunes gens, parfaits archétypes de la société moscovite aux contradictions multiples, entre modernité et regard nostalgique d’une grandeur passée. La caméra nous fait découvrir, grâce à de nombreux plans larges, une Moscou peu connue mais finalement pas si différente de nos capitales européennes.
Le couple de comédiens interprétant ces jeunes moscovites nous réjouit de son osmose parfaite. Preuve de cette réelle complicité à l’écran, ils sont finalement tombés amoureux « pour de vrai ». On leur souhaite de connaître un bonheur plus sûr que celui de Zhénia et Igor. Car si on les voit, tels deux adolescents s’amuser d’un rien, se rouler dans la neige, puis venir se réchauffer dans leur appartement modeste et s’aimer avec passion, leur amour, malmené par l’environnement social, est menacé. La jeune femme n’est pas vraiment jolie mais ses joues rondes et son bonnet de laine éternellement vissé sur la tête lui donnent un air enfantin, et attirent immédiatement la sympathie. Extravertie et ouverte, elle est à l’aise dans l’univers branché du journal pour lequel elle travaille. Les scènes de fêtes colorées au rythme frénétique nous assurent de l’énergie de cette jeunesse apparemment bien dans sa vie et dans son pays.

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S’agit -il donc d’un conte de fée à la russe ? Pas vraiment ! Igor, son mari, s’il est issu du même milieu qu’elle, s’il a fait des études comme elle, garde une vision plus traditionaliste de la vie. Il peine à trouver du travail, il est taxi clandestin, un métier très dangereux (la scène d’agression, filmée de manière hyperréaliste, nous le prouve). Il ne se sent pas du tout intégré dans le milieu professionnel que fréquente son épouse. Le succès de Zhénia le rend jaloux et agressif. Cette différence d’évolution le pousse à se tourner vers une autre jeune femme, très traditionnelle cette fois, ce qui nous permet d’assister à quelques scènes hautes en couleur de la Russie rurale et de ses personnages typiques.

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Mais ensuite c’en est bien fini des teintes pastel et de la belle romance. Plus les mois passent, plus l’ambiance s’assombrit, le récit se vide de sa substance, la réalisation s’amollit, l’ambiance devient oppressante. Du lit d’hôpital aux analgésiques, le couple se délite vers toujours plus de noirceur. Quand la lumière se rallumera, il n’est pas impossible que chaque spectateur puisse trouver réconfort dans la lumière retrouvée. . Certes, la fin d’une relation amoureuse peut être considérée comme triste mais mérite-t-elle une telle descente aux enfers ? Ce traitement extrême correspond-il à l’âme russe que l’on prétend capable de s’envoler vers l’euphorie pour retomber avec la même fougue dans la mélancolie ? La question reste posée. Toujours est-il que pour apprécier pleinement ce film mieux vaut être amateur de cette attraction foraine si justement dénommée « les montagnes russes ».