Le 22 mai 2020
Un conte initiatique post-moderne à la fois sensible et intensément spirituel sur la déception amoureuse et la quête de soi. Ne vous laissez pas tromper par le classicisme de la démarche, le film emporte le spectateur avec une douceur désarmante.
- Réalisateur : Lone Scherfig
- Acteurs : Emma Thompson, Peter Sarsgaard, Alfred Molina, Olivia Williams, Carey Mulligan
- Genre : Drame
- Nationalité : Britannique
- Distributeur : Metropolitan FilmExport
- Durée : 1h35mn
- VOD : YouTube, Orange, Cinémaàlademande
- Titre original : An education
- Date de sortie : 24 février 2010
Résumé : Jenny a 16 ans. Élève brillante, elle se prépare à intégrer Oxford. Sa rencontre avec un homme deux fois plus âgé quelle va tout remettre en cause
Critique : Une éducation convoque, par son classicisme et son élégante héroïne brune et chatoyante, les meilleures heures du roman didactique anglais, à ceci près que le traitement attribué au récit et à son personnage féminin convie un modernisme salutaire, à l’instar du travail remarquable que le cinéaste Joe Wright a pu esquisser avec ses adaptations d’œuvres littéraires comme Orgueil et préjugés, Reviens-moi ou Anna Karenine qui, à première vue, sont considérés par le commun des mortels comme impossibles à retranscrire par l’image tant leur structure narrative est singulière, le roman épistolaire de Jane Austen en tête. Pourtant l’histoire d’amour d’Une éducation, où l’on sait dès le départ l’issue fatale que connaîtra Jenny, sublimement incarnée par Carey Mulligan dans un de ses premiers rôles au cinéma, acquiert au cours de son déroulement une maturité surprenante.
À la manière de l’écrivain Francis Scott Fitzgerald, dont Tendre est la nuit analysait déjà les méandres d’un couple essayant tant bien que mal de subsister dans une société malade durant l’entre-deux-guerres, Une éducation convoque cette même forme de récit poignant, empreint de désillusions, mettant en scène des êtres sans vie, coincés dans une génération perdue qui ne peut choisir encore entre le puritanisme d’une Angleterre obsolète et la révolution culturelle des seventies. C’est un monde sans réelle substance que la réalisatrice Lone Scherfig nous propose de contempler, celui de l’éphémère, des gloires passées qui ne tiennent qu’à un fil, des modèles d’enseignement archaïques, des institutions désuètes ; un monde où tout n’est que transitoire, où les illusions se perdent et où tout finit par lentement s’effriter. Une période passionnante de l’histoire britannique dans laquelle Jenny, lycéenne en dernière année, légataire d’un héritage familial fascisant, tente de se frayer un chemin vers un avenir incertain. Au-delà de l’évocation d’une époque, Une éducation c’est aussi un portrait de femme d’une grande majestuosité.
Jenny n’a que peu d’échappatoires face à sa condition sociale et personnelle. D’un côté, ses parents l’embrigadent et la forgent à leur image pour intégrer l’université d’Oxford, seul moyen pour une femme de s’élever intellectuellement, semblerait-il, afin de trouver un homme apte à l’entretenir ; d’un autre côté, sa situation sentimentale en pâtit également, Jenny étant quotidiennement assaillie par un jeune garçon assez envahissant. Soudain, un quarantenaire chevronné survient dans sa vie, avec l’ambition de l’extirper de son conformisme de banlieue, pour commencer une nouvelle vie, écouter du Juliette Gréco, déjeuner dans de grands restaurants, visiter Paris et plus si affinités. Cette porte de sortie, en apparence idyllique, s’avérera à la fois dramatique et gratifiante pour l’éducation spirituelle, amoureuse et sexuelle de Jenny. Cette jeune ingénue, qui se destinait à des études brillantes, se retrouvera dos au mur, à nouveau piégée dans un schéma relationnel implacable. D’emblée, le film a l’intelligence de se clôturer assez amèrement, emmitouflé dans un faux happy end, révélateur de la conjoncture immuable de la femme au sein d’une société particulièrement insidieuse. Une éducation est un doux moment de méditation sur une toute une jeunesse anglaise, sacrifiée sur l’autel du conservatisme. Magistral.
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’Boo’Radley 15 mars 2010
Une éducation - Lone Scherfig - critique
L’éducation de la peu conventionnelle journaliste britannique Lynn Barber scénarisée pour le cinéma par le facétieux romantique Nick Hornby. Une comédie sociale délicieuse de drôlerie, savoureuse malgré une conclusion et une réalisation d’une terne sagesse. La pétulance et la spontanéité de Carey Mulligan la désignent comme la nouvelle star sans rivale de ces prochaines années.