Le 27 octobre 2015
- Scénariste : Jim>
- Dessinateur : Mig
- Coloriste : Delphine
- Genre : Conte
- Editeur : Grand Angle
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 1er mai 2015
- Durée : 2
Un Petit Livre Oublié Sur Un Banc T2 apporte la conclusion au périple de Camélia. Un postulat original « Que feriez-vous si vous trouviez un livre comportant un message vous étant adressé ? » qui trouve son aboutissement dans ce second tome.
Résumé :
Camélia continue à courir après la personne qui lui laisse des messages par l’intermédiaire d’un livre intitulé « A l’ombre des grands saules pleureurs ». Ce petit mystère est en train de chambouler la vie de la jeune femme, que nous retrouvons là où nous l’avions laissé, en pleine discussion avec un inconnu qu’elle soupçonne être « son » inconnu, au moment où la petite amie du dit inconnu débarque. Nous sommes à Lille, le jour se lève et la tension monte.
Notre avis :
Derrière cette belle couverture se cache le drame de beaucoup de vies. Avoir tout d’un coup l’impression que quelque chose cloche, que rien ne va plus, qu’on est en train de s’enferrer dans un mauvais choix, que le plus beau passe à côté de nous. Pour Camélia, le révélateur est ce petit livre orné de mystères, ces échanges émouvants avec un inconnu.
On se doute que la solution n’est pas dans la rencontre du début de ce second tome. Mais on continue à s’interroger, tout comme la jeune femme, « mais où ? Mais qui ? » Contrairement à elle, la rencontre avec l’auteur présumé du livre nous apparaît évidemment comme une impasse, pire, comme un pacte avec le diable. Et on se prend à prier que Camélia s’en rende compte rapidement. On oublie l’auteur du petit livre et on s’attache à la jeune femme à qui on voudrait dire « mais méfie-toi voyons, ne sois pas si bête ». Comment cela va se finir ? Vous aurez la réponse dans ce second tome. Vous saurez, peut-être avec surprise, qui est l’inconnu. Vous souhaiterez sauter dans la BD pour aider Camélia, dégager à coup de savates ceux qui veulent l’utiliser et féliciter chaudement ceux qui lui ont ouvert les yeux.
Comme à son habitude, Jim sait nous envoûter et nous attacher à son personnage. Ce qui nous a le plus surpris est que certains personnages secondaires semblent un peu manichéens. Nous pensons au petit ami de Camélia, le mollasson Hervé et à l’écrivain charmeur, entre autres.
Nous avons l’impression de retrouver des archétypes, seule Camélia offre un peu de complexité psychologique. Ce qui tranche avec les univers habituels de Jim. Comme si, dans le fond, les autres personnages devaient servir à un moment ou à un autre à faire sortir Camélia de son cocon de vie trop tranquille. Reconnaissons qu’il faut vraiment être folle amoureuse pour pouvoir envisager de faire sa vie avec Hervé... ou bien se laisser aveugler par le train-train quotidien qui détruit tout. Comme disait l’artiste « Et vient le moment où le calendrier tue le prince charmant » !
Malheureusement, les personnages sont souvent part d’une réussite de l’intrigue. Et l’impact de ses personnages manichéens sur les ressorts de l’histoire est flagrant. Il coup l’effet de surprise et rend la suite du périple de Camélia transparent.
Reconnaissons aussi que nous sommes devenus très exigeants avec Jim car les voyages qu’il nous a offert sont si envoutants qu’on ne peut se satisfaire de moins. Un peu comme une drogue, « l’Angel Jim ». Alors quand l’envolée n’est pas parfaite, nous jouons les Schtroumpfs grognons. Loin de nous l’idée de s’en prendre à un auteur à succès (mérité, le succès) mais plutôt l’envie de lui tirer sur la manche pour qu’il se retourne et lui pointer un petit souci, une petit chose qui nous a manquée, afin de lui dire qu’on attend juste qu’il rebondisse. La route d’un auteur ne peut être parfaite et sans fautes. Ça n’existe pas. Il est fort peu probable que votre cinéaste préféré n’est réalisé que des chefs d’œuvre dans sa vie. Et avec le temps, de nombreux risques apparaissent : la répétition, la facilité, le laisser-aller, la page blanche. Jim est bien loin de tout cela mais, comme tout auteur, il doit veiller sur son cap. A nous, lecteurs fidèles, de prêter main forte au capitaine quand il nous semble - à tort ou à raison – que l’embarcation dévie, même légèrement.
La franchise, c’est aussi une belle manière de montrer la confiance et l’affection qu’on a pour un artiste. Alors, capitaine, veillez au cap, on est heureux de ce voyage et on a envie qu’il dure longtemps, fleuri de belles décisions, qu’elles soient narratives ou même graphiques, comme cette belle idée de confier le dessin à Mig !
Comme nous l’avions dit dans notre chronique sur le premier tome, Mig sait saisir les regards et les instantanés des corps, ouvrant ainsi le passage à l’émotion de ses personnages.
Dans ce second tome, il continue le travail commencé sur le premier opus et livre une belle partition – étonnant pour un dessinateur, me direz-vous - . Nous retrouvons la douceur et la légèreté des traits, des personnages, des décors et même des couleurs.
L’action se précipitant, le découpage et le cadrage perdent un peu de cette force à capter l’incaptable. Parfois, dans un moment d’observation, le temps se découpe lentement au fur et à mesure des cases, ralentissant une action pour nos yeux. Mais il faut attendre la fin de l’histoire pour retrouver ses cases vides d’action narratives, mais pleines de sens.
C’est alors qu’on referme le livre heureux car on a soudain acquis la certitude, par un simple dessin, que quelque part, sous un arbre, un inconnu écrit une histoire pour nous, juste pour nous, rien que pour nous, sans même nous connaître...
Un Petit Livre Oublié Sur Un Banc se conclut en douceur, avec une porte ouverte sur la vie et l’avenir. Si certains personnages restent assez archétypaux, le voyage de Camélia sera peut-être l’occasion de vous poser les mêmes questions qu’elle. Ou alors peut-être aurez-vous envie d’écrire un petit mot dans le premier tome de cette BD et d’aller la poser sur un banc, comme un cadeau au monde.
Feuilletez les premières pages de la BD en cliquant sur l’image ci-dessous :
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Zéda applique à sa manière l’idée du livre sur un banc !
56 pages : 13,90 €
Galerie photos
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