Père et fille
Le 30 juillet 2008
D’une langue et d’une culture à l’autre, Un millier d’années de bonnes prières est une comédie douce amère sur la difficulté à communiquer.
- Réalisateur : Wayne Wang
- Acteurs : Henry O, Faye Yu
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain
- Date de sortie : 30 juillet 2008
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– Durée : 1h25mn
– Titre original : A thousand years of good prayers
D’une langue et d’une culture à l’autre, Un millier d’années de bonnes prières est une comédie douce amère sur la difficulté à communiquer.
L’argument : Après son divorce, Yilan, une jeune femme chinoise installée dans une petite ville des États-Unis, reçoit la visite de son père, M. Shi, vivant à Pékin, et désireux de l’aider à surmonter sa peine. M. Shi découvre alors avec surprise la vie de sa fille dans ce pays étranger et il comprend rapidement qu’elle n’a pas vraiment besoin de lui, qu’elle ne souffre pas de sa séparation avec son mari.
Tout maintenant les éloigne : leurs cultures, leurs modes de vie, leurs langages et la communication entre le père et la fille semble impossible.
Notre avis : Fort d’une filmographie hétéroclite (de Smoke à Coup de foudre à Manhattan), Wayne Wang revient avec un sujet plus personnel traitant de la double culture sur fond de retrouvailles difficiles entre un retraité chinois et sa fille.
Malgré leur solitude respective, les deux protagonistes ont toute la peine du monde à renouer un dialogue compromis non seulement par un lourd secret de famille mais aussi un fossé culturel et générationnel. Car outre sa sollicitude, M. Shi apporte dans ses valises tout un héritage culturel (du foulard rouge des jeunes pionniers communistes au wok, ustensile indispensable de la cuisine chinoise) refoulé par Yilan. Hors, animé de l’intention louable de rattraper le temps perdu, M. Shi ne saisit pas que le bonheur souhaité pour sa fille tel qu’il l’entend (un mari et des enfants) ne fait pas forcément parti du package culturel américain. À travers Yilan, le réalisateur, d’origine hong-kongaise mais immigré aux Etats-Unis, oppose ainsi deux langues et deux cultures : l’une, adoptive et libératrice, l’autre, maternelle et castratrice qui impose un cadre formel à la relation père-fille. Ainsi, c’est seulement en parlant au parc avec une étrangère et dans un anglais approximatif que M. Shi parvient peu à peu à comprendre ses erreurs.
Un milliers d’années... est un film où les objets parlent plus que les personnages. Ainsi, les poupées russes dans la chambre d’Yilan en disent plus long que ses rares discours sur le rapport de la jeune femme à sa double culture. De même, le banc dans le parc sur lequel M. Shi passe ses après-midi devient le symbole de la parole libérée par opposition à l’espace clos de l’habitation dans laquelle un mur sépare au propre comme au figuré le père et la fille.
Enfin, Un millier d’années... joue aussi consciemment du décalage culturel à des fins de pure comédie pour désamorcer régulièrement la tension, comme dans la scène mémorable où M. Shi reçoit la visite de prédicateurs mormons (des vrais de vrai, pas des acteurs !).
Au final, le film dresse un portrait touchant de ce retraité ouvert et curieux d’une Amérique qu’il découvre (un certain aspect tout au moins, celui des quartiers pavillonnaires de la classe moyenne où réside Yilan) pour lequel Henry O. fut primé au festival international de San Sebastian.
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