À bout de souffle
Le 1er mai 2024
Une célébration de l’esprit de Brooklyn, aussi joyeuse que nostalgique.
- Réalisateurs : Wayne Wang - Paul Auster
- Acteurs : Harvey Keitel, Madonna, Lily Tomlin, Victor Argo, Michael J. Fox, Lou Reed, Jim Jarmusch, Mel Gorham, John Lurie, Keith David, Mira Sorvino, Giancarlo Esposito, Roseanne Barr
- Genre : Comédie
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Pyramide Distribution
- Durée : 1h25mn
- Titre original : Blue in the Face
- Date de sortie : 3 janvier 1996
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Résumé : Chronique improvisée d’un quartier de New York.
Critique Réalisé en une semaine, dans la foulée et l’état de grâce de la fin du tournage de Smoke, Brooklyn Boogie n’en est pas vraiment la suite. Disons plutôt un élargissement, un appendice d’une autre nature. On y retrouve le même quartier, le même lieu central (le tabac d’Auggie Wren), quelques-uns des acteurs. Et c’est tout. Autant Smoke était un film (superbement) scénarisé, autant ici c’est l’improvisation qui domine. Le titre original, Blue in the face, est explicite : les comédiens (bénéficiant tous du même métrage de pellicule) étaient invités à parler jusqu’à manquer de souffle et en devenir bleus. Certains peinent dans cet exercice hautement casse-gueule : Madonna entre autres n’est pas au mieux de sa forme. Mais la plupart des complices de Paul Auster et Wayne Wang s’en sortent haut la main. Lou Reed est totalement désopilant dans son long monologue sur le sens de la vie et de sa vie à Brooklyn, fil rouge reliant sans queue ni tête les différents épisodes. Jarmusch [1], qui vient fumer sa dernière cigarette chez Auggie (Harvey Keitel) et lui raconte des souvenirs de son adolescence dans l’Ohio, tire bien son épingle du jeu et se révèle épatant comédien.
Smoke n’a qu’un sujet, Brooklyn, qu’il aborde en un patchwork fait de scènes de comédie tournées en 35 mm et de scènes documentaires tournées en DV, souvent aussi hilarantes (voir par exemple l’homme qui s’est donné pour mission d’ôter les sacs de plastique des arbres), le tout pimenté de films d’actualité anciens. Le sens de ce collage bricolé sans grands moyens ? Tisser un hymne à Brooklyn, centre du monde, quartier d’une extraordinaire vitalité où se côtoient des hommes et des femmes de toutes origines (le film donne même les statistiques). Définir un état d’esprit propre au lieu. On s’engueule, on se lance des vannes, on se bidonne, on baise, on fait de la musique et surtout on se parle, on ne cesse de se parler dans ce débit de tabac, lieu a priori insignifiant, mais qui maintient le lien social comme le bistrot PMU des villages de France.
Et puis il y a la cigarette, tellement glamour, ici magnifiée dans un cinéma qui se fout du politiquement correct. Tout en clopant ou pas, et sans avoir l’air d’y toucher, les uns et les autres, acteurs et résidents du quartier, nous montrent ce qu’est la Brooklyn attitude : une façon d’envisager la vie autrement qu’une tragédie. Ils sont fichtrement attachants, et leur spontanéité, leur joie de vivre, leur humour sur soi sont canalisés dans un montage d’une grande fluidité, faisant oublier les aléas de l’entreprise. Brooklyn Boogie, une vraie gageure techniquement parlant, atteint parfaitement son but : célébrer gaiement et nostalgiquement Brooklyn, un monde à part.
[1] Jim Jarmusch s’est livré au même type d’exercice dans Coffee and Cigarettes
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