La vie est un roman
Le 1er mai 2024
Auster filme le travail de création et ses muses littéraires. Une autobiographie déguisée ?


- Réalisateur : Paul Auster
- Acteurs : Irène Jacob, Michael Imperioli , David Thewlis
- Genre : Drame, Fantastique, Drame fantastique
- Nationalité : Espagnol, Français, Portugais
- Distributeur : Alfama Films
- Durée : 1h33mn
- Titre original : The Inner Life of Martin Frost
- Date de sortie : 14 novembre 2007

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Résumé : Et hop, au dodo ! À peine arrivé à la campagne, Martin Frost (David Thewlis) pique un roupillon qu’il n’a pas volé. Épuisé par sa notoriété, il est venu se mettre au vert le temps d’écrire une nouvelle loin de New York. Mais au petit matin, il trouve à ses côtés une fille à moitié nue répondant au doux nom de Claire (Irène Jacob). D’abord un peu ours, Martin succombe bientôt à ses charmes.
Critique : : Du marivaudage aux larmes : Paul Auster a le chic pour glisser d’une atmosphère à l’autre. Comment le réalisateur va-t-il donc débrouiller cette love story impossible qu’est La vie intérieure de Martin Frost alors qu’il l’avait débutée comme une autofiction ? Qui est Claire (Irène Jacob), cette troublante trouble-fête qui fait voler en éclats les projets de retraite littéraire d’un écrivain à succès (David Thewlis dans le rôle dudit Martin Frost) ?
En s’adaptant au cinéma, Paul Auster donne un développement bergmanien à son roman Le Livre des illusions. Si La vie intérieure... navigue entre les jeux de l’amour et du hasard et les Scènes de la vie conjugale, c’est toujours pour ménager un espace de réflexion : sur l’écriture, préoccupation vitale, à en croire la séquence de résurrection d’Irène Jacob, revenue d’entre les morts grâce à la destruction du manuscrit de Martin ; sur la création ; et, cerise sur le gâteau, la disparition des frontières entre théâtre et cinéma.
Au fil de son récit, Auster dépouille l’espace, traque le vide de sa caméra. En somme dégraisse le récit de tout ce qui pourrait embarrasser cette histoire d’amour. Il n’y a que l’essentiel de son œuvre dans son cinéma. Un miracle où chaque mot est pesé, où les séquences sont fébriles parce qu’elles saisissent les inclinations des sentiments.
En Psyché contemporaine, Claire débusque les peurs de Martin : un Paul Auster à peine masqué, groggy après les évènements du 9/11. Cette Vie intérieure... est probablement sa Musique pour caméléon (Truman Capote), un essai filmé sur la difficulté d’écrire, l’imaginaire. Auster y confie à voix basse sa peur panique de la page blanche. C’est le genre de confidence à ne pas manquer.