Le 5 janvier 2022
Un roman étonnant sur la solitude et l’absence de volonté d’un homme au sein d’une famille bourgeoise. Mais peut-on vraiment mener sa vie sans prendre de décision ? La réponse n’est sans doute pas si simple.
- Auteur : Marc Desaubliaux
- Editeur : Des auteurs des livres
- Genre : Roman
- Nationalité : Française
- Date de sortie : 24 janvier 2022
- Plus d'informations : Site de l’éditeur
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Résumé : Marc Desaubliaux nous relate la vie indécise de Louis Puissonnier-Tavernier, un fils de bonne famille. Son père, François Puissonnier-Tavernier, et sa mère, Hélène de Valberg, se sont mariés en juin 1951 et vivent grand train boulevard de Courcelles à Paris. Ils possèdent également quelques biens dont le château de Chézy près de la Marne dans lequel ils aiment à se retrouver et à recevoir leurs amis. Eugénie, sa sœur qui souffre d’anorexie mentale, concentre toute l’attention de ses parents. Alors qu’il a toutes les cartes en main pour réussir et s’épanouir, Louis s’ennuie et semble s’être toujours ennuyé. Seule Carole-Anne Aurevilly, qu’il a rencontrée lorsqu’il avait une vingtaine d’années, lui a permis un instant de sortir de son misonéisme.
Critique : L’auteur dresse un portrait de Louis qui nous bouscule. Ce jeune homme qui se cherche est incapable de dire ce qu’il veut, puisqu’il ne le sait pas lui-même. Alors que son milieu privilégié lui offre un avenir tout tracé, pour prendre le moment voulu la relève de son père à la tête d’une grosse société de bourse, l’existence de chef d’entreprise ne l’enthousiasme pas. De guerre lasse, il annonce qu’il pourrait peut-être faire une simple carrière de cadre dans l’administration, avant d’être contraint à suivre une préparation au concours d’entrée à l’ENA... sans grande conviction.
Louis hésite et tâtonne. Et si sa vie était ailleurs ?
Dès son plus jeune âge, il peint en écoutant de la musique et ses colères épisodiques donnent un éclairage puissant à ses toiles. Mais a-t-il pour autant un don ? Sa mère lui fait rencontrer Francis Pavel, un peintre célèbre, afin d’obtenir un avis objectif sur son travail. Bien qu’il soit assurément assez doué, là aussi Louis se fatigue et décide du jour au lendemain d’arrêter les cours de dessin. Malgré ce revers, sa tante Berthe, qui dispose d’un réseau étoffé, lui propose de le mettre en relation avec des artistes pour le sortir de sa vie monotone. Il se rapproche ainsi d’Antoine de Brétille, un peintre de renom, voisin de Chézy, lequel prend de son temps pour l’épauler dans ses travaux de peinture. Là encore, sa motivation sera vite écornée, tout comme la patience du lecteur agacé, qui rêve de le secouer pour qu’il comprenne enfin sa chance.
Côté cœur, ce n’est pas mieux... ou pire. Louis ne sait pas vraiment s’il aime Carole-Anne ou Jeanne, prenant son temps, bien trop de temps, quitte à laisser sa place à des rivaux bien plus entreprenants. Pourtant, Carole-Anne paraît lui correspondre. Il retrouve en elle son goût pour la culture et tous deux ont soif de liberté, à la recherche de qui ils sont vraiment. Carole-Anne teste, goûte, expérimente, fume cigarette sur cigarette et conteste la société, en refusant de s’inscrire dans un ordre préétabli. Comme pour le reste, Louis reste en retrait et refuse désespérément de s’engager.
Tout au long du roman, Marc Desaubliaux dépeint une nonchalance, une indécision maladive. On assiste au spectacle d’un homme qui passe à côté de sa vie, ne fait jamais rien jusqu’au bout, se contente de peu, alors qu’il pourrait tout avoir. Louis se satisfait d’une simple relation amant-maîtresse avec Carole-Anne, qui finira par se marier, s’éprend de peinture pour finalement tout arrêter…
La lecture de ce récit douloureux surprend. Le texte nous montre surtout que l’argent ne fait pas le bonheur.
Peut-on réussir sa vie et être heureux sans jamais prendre de décision ? D’aucuns pourraient dire que tout vient à point à qui sait attendre. Mais, ne confondons-nous pas alors « patience » avec « prendre sa vie en main » ?. Louis est ici le symbole absolu de la procrastination. Il ne cesse de remettre à plus tard les décisions qu’il devrait prendre, en sachant pertinemment qu’il va le regretter. L’auteur embarque le lecteur dans un tango interminable, lui inflige une douche écossaise particulièrement éprouvante, une frustration que seules les dernières pages parviendront à soulager.
Avec Un homme sans volonté, Marc Desaubliaux nous interroge frontalement sur la nature humaine et sur le libre arbitre.
262 pages - 16 €
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