Sangre . T.2 . Fesolggio l’inexorable fâcheux - La chronique BD

Sangre, survivante d’un raid des célèbres bandits dits Écumeurs qui a tué sa famille, poursuit sa quête de vengeance, traquant jusqu’aux bouts des sept mondes les sept assassins de son père et de son frère. Le premier des sept a pour nom Fesolggio, c’est un artiste talentueux qui a bien failli devenir un maître de la peinture, mais qui a sombré. Pour que sa vengeance soit totale, il faut qu’il règne à nouveau, pour descendre encore plus bas. Mélange de Kill Bill avec un univers proche du Nom du Vent, le tout façon Lanfeust, Sangre décrit un univers haut en couleur mais noir de cœur. L’héroïne a un physique de rêve, qui tranche avec son bégaiement imparfait. Elle dispose d’un pouvoir incomparable, celui de figer le temps, mais elle développe une cécité qu’elle ne peut maîtriser en suivant. Enfin, une tâche de ténèbres l’a marquée à vie, et elle doit jongler entre sa nature foncièrement bonne et son but sans pitié, car ses ennemis n’en auront aucune. Plus sexy qu’attachante, Sangre a pour compagnon un loup blanc (décidément à la mode) et cette fois un jeune garçon, apprenti sympathique et compagnon d’infortune, pour lutter contre un artiste déchu et séducteur. L’œuvre et la peinture sont à l’honneur, et il n’a pas seulement une valeur de divertissement : des fantômes rôdent le soir, et ils sont très sensibles à l’art, seul moyen de détourner leur colère. C’est ici que réside le point fort du scénario, qui fait oublier la vengeance pure mais s’intéresser à l’art, avec ses évolutions, ses canons et ses pointures, dans un monde où les âmes sont sans pitié mais les cœurs sensibles aux belles choses. Bouclier, rempart, la peinture acquiert dans ces pages une dimension épique et vitale, où les ombres tueuses font oublier l’intrigue principale, où l’orgueil d’un peintre prend une place centrale, miroir des dérives actuelles ou oubliées de l’Histoire.

© Soleil

Adrien Floch a choisi pour ce second tome une ville proche de la Florence de la Renaissance, saupoudrée de fantasy qui n’est pas sans rappeler Eckmül ou d’autres mondes de la galaxie Arleston, mais avec une volonté d’y transposer un impressionniste avant l’heure. Les fresques sont détaillées, les costumes changeants, à l’image des personnages, dont le lecteur doit se méfier, sans exception. Certaines cachent une histoire, et leurs mines sombres s’expliquent par des retours en arrière qui ne concernent pas du tout Sangre, mais bien le personnage éponyme et victime de ce tome 2. Car c’est lui qui est au centre, artiste de génie, un Casanova croisé avec Raphaël, mais qui a autant de sang sur les mains que de peinture. Son visage d’ange n’est pas épargné par cette folie diabolique, qui donne un soupçon de froid dans le dos quand il se rapproche physiquement et psychologiquement de l’héroïne.

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Série violente et captivante, l’histoire de ce second tome est à l’image de la couverture : plutôt sexy et dangereuse, car il faudra compter sur six autres tomes, chacun avec son univers et son personnage à liquider, qui pourrait presque faire penser à la série Revenge pour l’héroïne glaciale et belle à la fois. Un gage de solidité, mais attention à ne pas donner un goût trop réchauffé, car le plat se mange froid.