Le 22 septembre 2019
Une biographie romancée du célèbre mathématicien et économiste. Le film, très classique dans sa forme, est transcendé par l’interprétation de Russell Crowe et celle de Jennifer Connelly, même si l’importance accordée à la maladie du scientifique sert des intentions cinématographiques qui privilégient le spectaculaire.
- Réalisateur : Ron Howard
- Acteurs : Russell Crowe, Paul Bettany, Ed Harris, Jennifer Connelly, Josh Lucas, Christopher Plummer, Adam Goldberg, Judd Hirsch, Ron Howard
- Genre : Drame, Biopic
- Nationalité : Américain
- Distributeur : UIP (United International Pictures)
- Durée : 2h14min
- Date télé : 22 septembre 2019 20:55
- Chaîne : Arte
- Date de sortie : 13 février 2002
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Résumé : En 1947, étudiant les mathématiques à l’université de Princeton, John Forbes Nash Jr., un brillant élève, élabore sa théorie économique des jeux. Pour lui, les fluctuations des marchés financiers peuvent être calculées très précisément. Au début des années cinquante, ses travaux et son enseignement au Massachusetts Institute of Technology ne passent pas inaperçus et un représentant du Département de la Défense, William Parcher, se présente à lui pour lui proposer d’aider secrètement les États-Unis. La mission de John consiste à décrypter dans la presse les messages secrets d’espions russes, censés préparer un attentat nucléaire sur le territoire américain. Celui-ci y consacre rapidement tout son temps, et ce au détriment de sa vie de couple avec Alicia. Ce job n’est toutefois pas sans risques : des agents ennemis surveillent ses moindres faits et gestes. Mais personne ne le croit.
Critique : Ce biopic, lauréat de l’Oscar du meilleur film en 2002, n’est pas déplaisant, mais déroule de manière plutôt convenue et globalement romancée le parcours d’un génie paranoïaque : John Forbes Nash, mathématicien visionnaire et économiste rigoureux, resté célèbre, entre autres, pour sa théorie de l’équilibre, qui détermine le meilleur choix à privilégier dans une situation où d’autres acteurs sont impliqués. Cette découverte majeure, d’abord relative au jeu, est évidemment applicable à d’autres domaines, avec des implications politiques évidentes. Pour des raisons scénaristiques, qui profilent des intentions très commerciales, la théorie émerge comme une illumination, un soir de sortie festive, avec d’autres étudiants brillants de l’Université de Princeton, lorsque la possibilité de dragues multiples et la densité numérique des prétendants engendrent la réflexion de l’étudiant neurasthénique. Tout cela relève évidemment du mythe et essaime un certain nombre de stéréotypes aux quatre vents d’une approche somme toute simplifiée. Un certain nombre de cinéastes considérant que les équations n’ont pas la faculté de stimuler l’imagination, celles-ci sont réduites à leurs signifiants poétiques, et leur inscription sur des vitraux ou sur des pare-brises fige, dans le marbre, le témoignage fantasmatique de ces idéogrammes qu’on ne saisit pas, mais dont on se plaît à voir la présence partout.
Nash, lui-même, est circonscrit à sa fascination fétichiste pour les codes, et par ce biais, ses obsessions avérées dans la réalité de son parcours tortueux, deviennent le substrat romanesque dont se sert le film, de manière à organiser une trame qui se nourrit de la schizophrénie du protagoniste.
A partir de là, s’enclenche une pure construction de son esprit malade : les services du Pentagone, craignant une infiltration de l’espionnage soviétique (nous sommes au début des années 50), font appel à ses services, ont éminemment besoin de ses vues, pour déjouer une menace majeure. Cette configuration, totalement complotiste, réfère à la vie réelle de Nash, qui repéra des menaces russes partout, mais le long métrage brode un délire à la mesure de sa fertilité fictionnelle, dont il exploite la dimension spectaculaire, afin de lui donner les caractéristiques soit d’un film d’espionnage, soit d’un thriller fantastique (dans la dernière partie).
La paranoïa des États-Unis semble infuser dans la psychologie du personnage, qui développe un véritable complexe de persécution. Les assauts répétés du délire psychotique engendrent une catastrophe attendue : au cours d’une conférence, le professeur, croyant aviser une menace au fond de la salle, est étreint par l’angoisse et quitte le lieu en toute hâte. Il est finalement rattrapé.
L’internement psychiatrique, puis le retour à la maison, donnent de l’ampleur à un film qui en manquait, le rythme se ralentit, prenant à la fois le tempo du quotidien et les contours d’un huis clos, où la femme de John, Alicia, avec une patience infinie, s’accommode tant bien que mal d’une situation difficile. Cette inflexion bienvenue permet aux deux comédiens principaux de densifier leur personnage, dans un périmètre délimité par la maladie, même si l’on entrevoit, au fil de scènes devenues des gimmicks, la dimension manipulatrice du projet : assurer une performance d’acteur convertible en statuette américaine, prendre l’existence d’un scientifique majeur par son bout le plus spectaculaire, à l’aune de ses problèmes psychiatriques, même si la fin du long métrage rétablit, à peu de frais, sous le haut patronage de l’émotion, la figure du savant admiré.
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