De l’ombre à la lumière - Ron Howard - critique

Critique : De Raoul Walsh à Martin Scorsese en passant par Robert Wise, tous les plus grands cinéastes se sont penchés sur le thème désormais balisé de la boxe et par extension l’art comme expression d’un rêve pluriel. Le récent Million dollar Baby de Clint Eastwood est un cas intéressant parce que le scénario faussement anodin était transcendé par les doutes du cinéaste et une interprétation d’ensemble exceptionnelle. De l’ombre à la lumière est une moissonneuse à Oscars avec ce qu’il faut d’académisme poussiéreux et d’émotion geignarde, et qui n’a pas les moyens de rivaliser avec les références susdites.
Le film remplit son cahier des charges mais la machine est si calibrée qu’elle emmène le spectateur sur des sentiers très fréquentés avant le climax attendu. En adaptant la biographie du boxeur James L. Braddock, Ron Howard exploite le contexte de la Grande Dépression pour narrer le récit d’un homme, soutenu par sa famille, qui a droit à une seconde chance. Sous les tartines conventionnelles et les tentations misérabilistes, le cinéaste parvient malgré tout à célébrer la boxe comme utopie sociale (les gens s’identifient peu à peu à Braddock parce qu’il incarne un symbole de réussite).

Dans sa catégorie de films riches en calories mélodramatiques, le film se reluque sans déplaisir même si les quelques éclats ne sont redevables qu’aux combats de boxe, rares mais intenses, à la pugnacité pugilistique de Russell Crowe et surtout à Paul Giamatti (Sideways), épatant en coach inflexible et fougueux.

Le DVD


Le(s) supplément(s) à ne pas rater : Minimalisme de rigueur pour cette édition (le flop du film en salles doit en être la cause) qui ne propose que des scènes coupées et un petit sujet de dix minutes intitulé Aux premières loges qui s’intéresse au vrai Braddock. Ces séquences inédites, au nombre de six, ne sont pas dénuées d’intérêt mais n’apportent pas grande satisfaction à l’ensemble (lourdes donc lentes). Vous pourrez apprécier aussi un vrai combat du boxeur et constater le souci de reconstitution apporté par la production. Saisissant mais beaucoup trop frustrant.

Image & son : Rien à dire en revanche côté spécificités techniques. Le travail du chef opérateur pour approcher une image rétro est parfaitement respecté : bonne compression, excellente saturation des couleurs et les contrastes sont finement gérés (point trop de sombre n’en faut). C’est avec le son que le film prend toute sa dimension notamment lors des combats où la piste Dolby Digital 5.1 fait des merveilles ; les coups et leurs dégâts font froid dans le dos.