Faux départ
Le 4 décembre 2020
Ultra-schématique et bas du casque, Rush est un beau véhicule confié au mauvais pilote.
- Réalisateur : Ron Howard
- Acteurs : Daniel Brühl, Alexandra Maria Lara, Olivia Wilde , Chris Hemsworth
- Genre : Drame, Action, Film de sport
- Distributeur : Pathé Distribution
- Durée : 2h03mn
- Date télé : 28 septembre 2021 21:05
- Chaîne : NRJ12
- Date de sortie : 25 septembre 2013
Résumé : Situé durant l’âge d’or de la Formule 1, RUSH retrace le passionnant et haletant combat entre deux des plus grands rivaux que l’histoire du sport ait jamais connus, celui de James Hunt et Niki Lauda concourant pour les illustres écuries McLaren et Ferrari. Issu de la classe des privilégiés, charismatique et beau garçon, tout oppose le play-boy anglais James Hunt à Niki Lauda, son adversaire autrichien, réservé et méthodique. RUSH suit la vie instable de ces deux pilotes, sur les circuits et en dehors, et retrace leur rivalité depuis leurs débuts.
Critique : Les coulisses du sport de haut niveau ont ceci de particulier qu’il suffit de les balayer du regard, ou du scénario, pour en épuiser le beau mystère. Confié au grand faiseur Ron Howard (The Da Vinci Code, Frost/Nixon), Rush pénètre donc dès ses premières séquences dans cette sphère actuellement surpeuplée des fictions voyeuristes qui salissent les histoires vraies. Parce que si la chose peut se vanter d’être brutale, anti-hagiographique, et globalement plus excitante qu’une reconstitution pour la TNT, elle ne passe que péniblement les plats d’un mythe dont on se demande si les légendes urbaines n’ont pas déjà tout dit, en mieux.
Au début des années 70, seul le port du casque distingue la Formule 1 de la roulette russe. Les baquets sont alors occupés par des cohortes de têtes incendiées et de gosses de riches suicidaires prêts à risquer leurs étranges vies pour les beaux yeux d’un drapeau à damier ou d’une groupie assoiffée. En tête de liste des chevaliers cinglés : James Hunt, hédoniste grand breton flambé au brandy et camé au frisson : l’archétype du play-boy. Un appel à la caricature auquel Rush répond sans attendre. Mais comme le réel fait bien les choses, James a un rival aussi doué que lui. Autrichien placide, handicapé social revanchard (papa avait d’autres plans pour lui), Niki Lauda est une espèce de frigo ambulant amoureux des statistiques et de la gestion de risques. Il est le pôle sud de Hunt et préfigure l’avenir de son sport. Seulement voilà, une fois les deux clichés posés, les invectives lancées, et la vie privée des contraires révélées en parallèle sur le mode du contraste imbécile (Lauda drague comme un algorithme de site de rencontre, Hunt trousse les infirmières avant de céder au grand amour, évidemment déçu), Rush peine à faire évoluer ses personnages de plomb sur le terrain du drame psychologique. Au niveau émotionnel, c’est la rigor mortis, des ouvertures joliment ambiguës sur la culpabilité de Hunt, la vulnérabilité soudaine du no life Lauda ou la gémellité des Némésis (parce que les frères ennemis sont très différents mais en fait pas tant que ça voyez), se noyant régulièrement dans un océan de notes d’intention stagnantes, à peine effleurées par un scénario dont la prédictibilité noie le moteur. Rush est un produit, et son code-barres est aussi générique qu’un anesthésiant.
Côté piste, pour rendre hommage au lexique de Turbo, la chose a pourtant du nerf à revendre. Howard shoote ses courses avec trente-cinq caméras, privilégie la courte-focale pour sauver l’impression de vitesse, plonge dans le casque des pilotes ou sous le capot des météores, et soigne chaque séquence de grand prix comme un coup de tonnerre mécanique. Bon, évidemment, les joutes étant nombreuses, et la formule pas extensible, on fatigue passé le quarantième gros plan de piston. Mais ces quelques scènes, jamais en panne de sens, ont le mérite de cristalliser efficacement ce que le scénario ne parvient pas à dire, et la jubilation gamine de Ron a quelque chose de contagieux. On aurait aimé que Rush, race movie surproduit mais anecdotique, négocie ses virages comme son intrigue, quitte à romancer outrageusement une histoire que seule la combustion de Lauda a rendu exceptionnelle.
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Pierre Vedral 28 septembre 2013
Rush - la critique du film
Cela fait des années qu’on avait plus vu un duel sportif d’aussi haute volée. Ron Howard signe surement ici son meilleur film au travers d’une rivalité remplie d’émotion. Il parvient à nous faire adhérer facilement même sans être des fans acharnés de la formule 1.