Le 15 juin 2020
Pourtant prometteur, Un été norvégien laisse finalement le lecteur sur le bord de la route, l’abandonne et le perd dans ses méandres à la fois intellectuels, plats et foisonnants, ennuyeux.
- Auteur : Einar Már Guðmundsson
- Editeur : Editions Zulma
- Genre : Roman
- Nationalité : Islandaise
- Traducteur : Éric Boury
- Date de sortie : 11 juin 2020
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur
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Résumé : Jeunes Islandais pleins d’espoirs et d’illusions, ils quittent leur pays avec des rêves d’exotisme, atterrissent en Norvège, se plongent dans un auteur, puis se prennent de passion pour un autre, idolâtrent tel chanteur, ne détestent pas tel autre, sont amis avec presque tout le monde, mais vraiment proches de personne. Été 1978 : utopie trotskiste et maoïste, communistes et anarchistes se frôlent, toujours là, pourtant non loin de la fin... La fin d’une époque et d’une idéologie, la désillusion, rattrapés par l’amour.
Critique : Si l’idée de départ était attirante et plutôt prometteuse, Un été norvégien laisse finalement ses lecteurs à quai et s’en va voguer seul sur une mer bien vide…
Halli, le jeune narrateur d’Einar Már Guðmundsson, presque son double à en croire la quatrième de couverture, a une vingtaine d’années et il est pris d’une envie de voyage et de dépaysement, de verres et de soirées interminables, stylo entre les mains et cigarette aux lèvres. Il quitte l’Islande, la tête pleine de rêves et d’espoirs, et atterrit à Oslo, puis finalement dans les montagnes norvégiennes, où il travaillera à "creuser une tranchée entre deux gares de chemin de fer". Ses amis sont nombreux, sans doute trop pour que l’un d’entre eux se détache vraiment et que des contours nets se dessinent. Tous sont un peu plats, drogués et intelligents, pleins de références et de vers en tête. Leurs noms sont tristement similaires pour un lecteur qui n’est pas couramment immergé dans les récits nordiques et se confondent en un brouillard de plus en plus épais. Rapidement et à de trop nombreuses reprises, le narrateur dévie de son récit : une anecdote en appelant une autre, il s’attarde sur des souvenirs qui lui reviennent en mémoire, dresse des parallèles plus ou moins hasardeux entre sa vie – plus morne qu’il ne le souhaiterait et qu’il ne l’imagine – et celle des héros de Hamsun.
Ce célèbre auteur norvégien, prix Nobel 1920, n’en est pas moins inconnu (ou presque) du lecteur lambda qui n’a pas une licence de langues nordiques en poche… David Bowie et Homère, Chet Baker et T.S. Eliott, les Rolling Stones et Kerouac, tous ces noms, les titres de leurs œuvres, et leurs phrases se mêlent en une bouillie indigeste qui parasite l’été du héros. Un été qui devait être celui de l’amour, du vrai amour. Cet amour n’est pratiquement présent que dans le dernier tiers du livre et le lecteur a donc le désagréable sentiment de s’être fait berner – puisque les seules fulgurances ont lieu lorsque l’auteur tombe dans le lyrisme, s’attarde sur le soleil, l’ambiance urbaine, les paysages et l’amour. Le fantôme de Trotski et celui de Mao planent au-dessus des pensées des protagonistes, des idées plus ou moins anarchistes émergent çà et là, selon les circonstances et les convenances, entre un verre de trop et une cigarette froide. Pourtant supposé s’inscrire dans la lignée des auteurs de la Beat Generation, qu’il se plaît à citer régulièrement, Einar Már Guðmundsson signe un roman monotone et plat, tout en étant désordonné et incohérent.
Rendons à César ce qui est à César, certaines épiphanies ont lieu dans Un été norvégien, mais malheureusement elles sont bien trop courtes pour faire oublier la platitude des personnages, l’ennui qui déborde de ces pages intellectuelles et décidément trop foisonnantes – mais d’une superficialité étonnante.
Einar Már Guðmundsson - Un été norvégien
Zulma
14 x 21 cm
336 pages
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